Une chose qu'on aime plus que tout avec le blog, c'est les rencontres incroyables qu'il nous permet de faire! Et celle avec nos amis Anaïs et Bruno en est un excellent exemple. Après s'être aidés de nos articles pour concrétiser leur projet de voyage au long cours, ils nous ont invités chez eux le temps d'un week-end à Strasbourg pour nous remercier de les avoir inspirés pour leur aventure. Amoureux de la nature et des grands espaces, ils apprécient comme nous cette liberté incroyable que procurent les randonnées en autonomie. Eux aussi ont gravi le volcan Parinacota et fait le trek du Choquequirao au Machu Picchu. Après avoir eu de la peine à trouver des informations sur le tour de l'Illampu dans la cordillère Royale en Bolivie, ils ont voulu vous partager leur expérience pour que vous puissiez réaliser cette magnifique randonnée de 6 à 7 jours dans les Andes. On leur laisse la parole!
- Présentation du tour de l'Illampu
- Quelle est la meilleure période pour faire le tour de l'Illampu?
- Tour de l'Illampu en autonomie ou avec guide?
- S'organiser pour faire le tour de l'Illampu
- Jour 0: rejoindre Sorata
- Jour 1: de Sorata à Lackathiya
- Jour 2: cols de l’Illampu (4740 m) et du Ckorahuasi (4480 m)
- Jour 3: passage par le village de Cocoyo et le col de Sarani
- Jour 4: passage du col de Calzada, point culminant du circuit de l'Illampu
- Jour 5: Laguna San Francisco, premier aperçu sur l’Ancohuma et le lac Titicaca
- Jour 6: Millipaya, retour aux vallées peuplées et cultivées
- Jour 7: retour à Sorata
Anaïs et Bruno ont réalisé ce voyage en 2016, mais l’article a été entièrement revu et remis à jour en juillet 2024. Si vous constatez des changements de prix ou avez des informations complémentaires qui pourraient être pertinentes, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire!
Présentation du tour de l'Illampu
Situé à une centaine de kilomètres au nord-ouest de La Paz, ce très beau trek décrit une boucle autour de l’imposant massif de l’Illampu, au sein de la cordillère Royale. En bref: un périple à travers les vallées retirées de l'Altiplano bolivien passant par plusieurs hauts cols à plus de 4500 mètres d’altitude. Que du bonheur quoi!
Le tour de l'Illampu en résumé:
- Durée de la randonnée: 6 à 7 jours
- Distance: une boucle de 105 km
- Dénivelé positif: 6000 m
- Départ et arrivée du circuit: Sorata
- Altitude la plus basse : départ à Sorata vers 2700 m
- Altitude la plus haute : Col de Calzada à 5045 m
- Difficulté: trek difficile
Points forts du trek
- Paysages de haute montagne, magnifiques et très changeants
- Vue sur les montagnes Illampu et Ancohuma
- Nombreux lamas et alpagas rencontrés sur le chemin
- Allées reculées où les cultures ancestrales sont relativement préservées
- Fréquentation touristique quasi inexistante dans la cordillère Royale
- Vue sur le lac Titicaca et sur les sommets
Points de difficulté rencontrés
- Marche en haute altitude, au-dessus de 4000 mètres, ce qui demande une acclimatation correcte
- Froid nocturne, jusqu’à -10 °C qui impose un bon équipement de couchage
- Chemin pas toujours facile à trouver, l’utilisation d’une application en plus de la carte est utile
- 1 seul ravitaillement possible à Cocoyo au jour 3, ce qui impose de porter la nourriture pour 4 jours
Quelle est la meilleure période pour faire le tour de l'Illampu?
Le meilleur moment de l'année pour faire le trek autour de l'Illampu est durant la saison sèche, de juin à septembre. Pour notre part, nous avons effectué la randonnée fin août. Le temps était généralement stable et la température en journée agréable. Par contre, les nuits ont été très froides au-delà de 4000 m et des averses de pluie et de neige nous sont tombées dessus. En fin de journée, il était fréquent qu’une couverture nuageuse s’installe. Des orages en fin de journée ou début de nuit sont également possibles, surtout en fin d’hiver austral.
Tour de l'Illampu en autonomie ou avec guide?
Peu d’informations sont disponibles concernant ce trek et il n’a pas été facile pour nous d'organiser cette longue randonnée. Nous avons réalisé ce trek en totale autonomie car il n’y a pas d’hébergement ou camping sur le circuit. Toutefois, certaines agences proposent ce tour pour un prix autour de 900 dollars... Bref, si vous êtes en bonne condition physique, on vous recommande de le faire en solo! Ainsi, vous aurez une grande liberté dans la longueur et la difficulté des étapes. Le circuit classique consiste à passer un col chaque jour de marche. Pour notre part, nous avons vu au fur et à mesure en fonction de notre forme et motivation du jour. Nous avons seulement fait attention à toujours dormir le plus bas possible en altitude pour limiter le froid nocturne et assez éloigné des hameaux.
S'organiser pour faire le tour de l'Illampu
Carte du trek autour de l'Illampu
Voici la carte du circuit d'Illampu avec nos spots de camping et l'état du chemin que nous avons emprunté. Pour ce qui est des endroits où camper, il est facile de trouver quelques mètres carrés plats pour poser la tente à proximité d’un point d’eau. Cependant, certains secteurs sont plus favorables que d’autres par rapport à ceux indiqués sur le schéma.
Avec ça et la trace GPS ci-dessous, vous ne devriez pas vous perdre! Téléchargez la carte du trek ici.
Il existe aussi une carte de la Cordillera Real Nord (Alpenvereinskarte) au 1/50 000e qui couvre presque tout l’itinéraire à l’exception de la partie la plus à l’est (environ 1 jour de marche). Malgré nos recherches, nous n’avons pas trouvé cette carte à La Paz. Des copies sont censées être disponibles au bureau des guides de Sorata mais là encore, pas de chance, le bureau était fermé quand nous y sommes passés. Heureusement pour nous, le propriétaire du camping où nous étions avait une copie en noir et blanc que nous avons pu emporter. Ouf!
Il existe également un topoguide en anglais qui date un peu et qui ne cite pas toutes les nouvelles routes construites. Nous en avions une copie qui nous a seulement aidés pour repérer les points de campement les plus sympas.
Cet article contient des liens affiliés vers des sites partenaires. En passant par nos liens pour réserver un logement, un véhicule ou une activité, vous ne payez bien évidemment rien de plus, mais par contre nous touchons une petite commission. Cela contribue à nous aider à vous proposer des contenus gratuits, indépendants et sans publicité. Merci pour votre soutien!
Les guides et muletiers
Vous pouvez opter pour un service de guides et muletiers, c'est facile à organiser à Sorata. Nous n’avons pas étudié le prix étant donné que nous avions l’intention de randonner seuls dès le début.
Matériel nécessaire pour le tour de l'Illampu
En commun
Comme matériel commun pour nous 2, nous avions:
- 1 tente
- 1 réchaud à essence léger: il n’y a qu’à La Paz, rue Illampu, que vous pourrez trouver des cartouches de gaz mais à prix élevé. Comptez 40 bolivianos pour une petite cartouche de 230 g et 80 bolivianos pour le grand modèle de 450 g. À titre de comparaison, 1 litre d’essence coûte 6 bolivianos à Sorata. Nous avons consommé 1 litre d’essence en 6 jours avec 3 repas chauds par jour pour 2 personnes.
- 1 popote
- 1 filtre à eau: très pratique car il y a régulièrement de l’eau (rivières) sur le chemin et le filtre évite de porter beaucoup de réserves d’eau.
- Nourriture: environ 125 g de féculents (avoine, pâtes, polenta, riz, purée...) par repas et par personne + sauces (tomate, fromage...) ou soupes lyophilisées et environ 100 g de snacks (maïs, cacahuètes) par personne et par jour. Au total, cela prend environ 1 kg de nourriture par jour pour 2 personnes. Petit conseil: faites vos provisions à La Paz, vous aurez plus de choix qu'à Sorata.
- Trousse de secours
- Crème solaire
- Smartphone avec GPS, application maps.me et carte du trek.
Par personne
Nous avions chacun:
- 1 sac de 50 litres
- 1 matelas gonflable type Therma Rest
- 1 sac de couchage avec température de confort de - 5 °C + un drap de soie
- 1 lampe frontale
- Vêtements pour toutes les conditions climatiques: polaire, imperméable, tour de cou, doudoune, bonnet, gants, chaussettes chaudes, pantalon de randonnée, leggings pour la nuit, chapeau ou casquette bien couvrante...
Pour aller plus loin, on a aussi écrit un article complet sur comment organiser un trek en autonomie pendant un voyage au long cours.
Jour 0: rejoindre Sorata
La petite ville de Sorata est facilement accessible depuis La Paz et c’est après un parcours chaotique en combi que nous arrivons. En descendant du véhicule, la chaleur nous réconforte. Ici, nous sommes beaucoup plus bas que La Paz et surtout, la vallée plonge vers l’Amazonie et bénéficie d’un climat bien plus tempéré et agréable que l’Altiplano.
Le départ pour Sorata en minibus se fait depuis la rue Bustillo, près du Cementerio à La Paz. Le trajet dure environ 4 heures pour 20 bolivianos par personne.
Pour ce qui est des logements, il y a de nombreux hostals du côté de la place principale du village. De notre côté, nous étions au Camping El Vergel, chez David et Gisela. Pour vous y rendre, descendez en direction de la rivière depuis la place principale. N'hésitez pas à demander, tout le monde connaît! Le site est en bord de rivière dans un cadre végétal magnifique. En plus, vous avez une cuisine à disposition. La chambre coûte 25 bolivianos par personne et pour le camping, le prix est de 12 bolivianos par personne.
Notez qu'il n'y a pas de distributeur de billets à Sorata.
Jour 1: de Sorata à Lackathiya
Départ de Sorata
Les sacs à dos sont bouclés, nous sommes prêts à faire le tour de l'Illampu. Le départ du trek se fait en montant depuis la place principale de Sorata. De nombreuses rues se transforment en pistes pour mener vers les villages alentour. Le plus simple est de demander régulièrement votre chemin aux riverains. Bon, vous devinerez que nous nous sommes déjà perdus à ce moment-là. Nous n’avons jamais trouvé le chemin bucolique censé nous mener à la communauté de Quirambaya après environ 2 h 30 de marche. Tant pis... On vous l'a indiqué sur la trace GPS. À la place, nous avons emprunté la piste en passant par Jumuco et pris une autre en lacets à la sortie du hameau qui nous a menés à Quirambaya. Mais avouons que c’était beaucoup moins sympathique.
À Quirambaya, la montée se poursuit par un petit chemin bordé de plantes exotiques et longeant un canal d’irrigation. Les sacs sont lourds, Anaïs râle. Il faut dire que, ne sachant pas si nous allons trouver de quoi manger en cours de route, nous avons sur nous 7 jours de nourriture. Argh!
Premier campement
Nous finissons par arriver à Lackathiya, vers 4000 mètres d’altitude environ 2 h 30 après Quirambaya. Le ciel se couvre, le vent se lève, il fait beaucoup plus frais. Nous réalisons que nous entrons enfin dans le massif. Le dénivelé et nos sacs nous ont grandement fatigués, nous choisissons de nous arrêter au premier spot de campement, environ 1 heure au-dessus de Lackathiya. Une grande plaine herbeuse confortable nous accueille. Il y a de l’eau en abondance et plein de lamas. Ce sont les premiers que l'on voit!
- De Sorata à Lackathiya
- 10,8 km (6 h)
- 1400 m de dénivelé positif
- 100 m de dénivelé négatif
Le trajet jusqu’à Quirambaya se fait intégralement sur piste et n’est pas des plus intéressants. Pour raccourcir la randonnée, il est possible d'aller en taxi jusqu’à ce village ou de commencer le circuit à partir de Lackathiya en prenant un 4x4. Il y a de l’eau tout au long du chemin, donc nul besoin de porter de grandes réserves. Un second lieu de campement existe en montant encore 45 minutes vers le col Paso Illampu. Il y a de l’eau aussi mais le lieu nous a semblé moins plat et moins confortable.
Jour 2: cols de l’Illampu (4740 m) et du Ckorahuasi (4480 m)
Le col de l'Illampu
Au réveil, nous découvrons pour la première fois (et pas la dernière !) un environnement gelé. Après un bon petit déjeuner fait de bouillie d’avoine, nous partons à l’ascension du premier col de ce périple, le Paso Illampu. L’altitude se fait sentir, nous sommes assez essoufflés mais heureusement, pas de symptômes du soroche. Après 2 h d’efforts, nous atteignons le col à 4740 m d'altitude avec l’Illampu qui se dresse au-dessus de nous à plus de 6300 m. Magnifique!
Après une petite pause snacks et photos, la descente se fait dans une jolie vallée ensoleillée occupée par de nombreux lamas. En fond de vallée, nous passons à côté de petites bergeries et des enclos à lamas, mais nous ne croisons personne. Nous atteignons l’Estancia Utjaña Pampa à environ 3900 m et il est tout juste l’heure du déjeuner. Nous décidons de nous attaquer au second col plutôt que d'établir le campement pour cette journée.
Le col Ckorahuasi
Nous nous engageons dans la vallée mais malheureusement du mauvais côté de la rivière. Le chemin se dresse devant, de l’autre côté d’un torrent en furie. Nous trouvons un endroit assez propice pour traverser et nous déchaussons. L’eau est glaciale! On serre les dents et nous voici du bon côté. Pour ne pas faire comme nous, il faut bien rester sur la rive droite de la rivière. Ensuite, la montée se fait tranquillement jusqu’au col (paso) Ckurahuasi à 4479 m en environ 3 h. Cette fois, nous avons moins de chance, le col est dans les nuages et il fait froid. Nous ne nous attardons pas et entamons la descente. Nous installons notre campement environ 30 minutes en contrebas du col.
- De Lackathiya au col Ckurahuasi
- 14,6 km (7 h)
- 1300 m de dénivelé positif
- 1100 m de dénivelé négatif
Pour vous réapprovisionner en eau, vous n'aurez aucun problème, sauf pendant 1 h avant et 1 h après le col de l'Illampu.
Jour 3: passage par le village de Cocoyo et le col de Sarani
Après avoir essuyé un fort orage pendant la nuit, la tente est à nouveau gelée au réveil. Nous sommes vraiment contents de nos sacs de couchage: nous ne sentons pas le froid et passons de très bonnes nuits réparatrices. La descente depuis le campement se fait d’abord par la rive droite de la rivière. On a une vue imprenable sur une grande plaine postglaciaire dans laquelle serpente une rivière. Au loin, nous apercevons le village de Cooco (Cocoyo). Amazing!
Cooco
Arrivés dans la plaine, nous longeons la rive gauche de la rivière jusqu’à arriver à Cocoyo à 3500 m et ce, après 2 h de marche. Nous nous attendions à un hameau, mais c’est une vraie petite bourgade que nous découvrons, récemment désenclavée par l’arrivée d’une piste qui la relie au reste du monde! Surtout, nous découvrons la présence de petites tiendas qui vendent de tout. Bref, de quoi refaire ses réserves pour la suite du trek. Et nous qui portons tout depuis le début... Grrrr! Nous traversons la rivière et montons à travers le village en croisant le sourire chaleureux des habitants.
Le col Sarani
À la sortie de Cooco, nous voici repartis à l’assaut d’une nouvelle vallée où paissent vaches, lamas, moutons et même cochons. Nous remontons pendant environ 3 h 30 vers le col Sarani à 4500 m. La montée est très progressive et offre de beaux points de vue. Heureusement, car lorsque nous arrivons, ce nouveau col est lui aussi dans les nuages.
Nous entamons la descente en nous fiant davantage au GPS car la visibilité est très mauvaise. Ici, une piste récemment construite est venue détruire le sentier de randonnée ce qui rend notre progression encore plus compliquée. Mais après 1 h d’hésitation et d’alternance piste/sentier, nous arrivons dans une plaine marécageuse. Nous installons notre campement au bout, un peu en hauteur, au pied d’une jolie cascade.
- Du col Ckurahuasi au col Sarani
- 17,7 km (6 h)
- 900 m de dénivelé positif
- 1300 m de dénivelé négatif
Jour 4: passage du col de Calzada, point culminant du circuit de l'Illampu
Au risque de nous répéter, il caille dur ce matin! Sous l’effet du gel, notre arceau de tente se casse... Heureusement, nous avons le kit de réparation avec nous. Mais aujourd'hui, nous avons du mal à nous mettre en route. La vallée est encore dans l’ombre et nos muscles ne sont pas encore chauds.
Nous suivons d’abord l’étroite et très jolie vallée de Chajolpaya dans laquelle coule un joli torrent encore en partie gelé par la nuit. Nous longeons la rivière en suivant un chemin précolombien partiellement pavé. La vallée s’élargit ensuite. Certains cours d’eau ne coulent plus car pris dans la glace; nous apercevons aussi nos premières cascades de glace. Nous ne regrettons pas notre décision d’avoir organisé nos journées de marche afin d’éviter de dormir dans cette vallée. Elle est magnifique mais il règne ici une atmosphère glaciale que le soleil ambiant peine à réchauffer. D’autant que pendant toute cette journée, nous essuyons un vent de face, persistant et glacial lui aussi.
Le col de Calzada
Le chemin bucolique disparaît rapidement sous les gravats d’une piste en cours de construction. Pas le choix, nous continuons sur la piste. La montée vers le col est progressive et le panorama sur les sommets enneigés est saisissant. Mais cela devient interminable. À chaque fois que nous pensons arriver au col, de nouveaux lacets apparaissent. Le vent nous fatigue et nous ralentit. Il nous faut 5 heures de marche pour atteindre le col de Calzada à 5045 mètres d’altitude, point culminant du trek.
Nous sommes alors au bord d’une petite lagune au pied de glaciers imposants. En avançant un peu, nous nous retrouvons face aux lagunes Carizal et Chojna Khota en contrebas. Le vent ne se calme toujours pas mais nous prenons le temps de savourer cet instant. Nous voici au sommet de ce trek, l’air est plus rare et glacial, le temps semble être suspendu.
Le campement
Toutefois, il faut repartir rapidement. L’objectif? Dormir le plus bas possible pour éviter des températures nocturnes insupportables. Nous essayons par erreur de reprendre le sentier piéton mais, comme souvent, il est en partie détruit par la nouvelle piste pour véhicules. Bref, on s’est débattus dans un pierrier mouvant et Anaïs a même fait une sacrée crise de vertige. Nous commençons vraiment à être fatigués par cette journée.
En arrivant dans la vallée, la végétation est faite de cactus et de touffes d´herbes. Pas terrible comme spot de camping... Nous finissons par trouver un endroit à peu près confortable pour installer notre campement légèrement en hauteur de la lagune. Il est 19 h mais nous filons dans nos duvets, épuisés, déjà frigorifiés mais conquis par ce que nous avons vu aujourd’hui.
- Du col Sarani au col Calzada
- 15,9 km (6 h)
- 950 m de dénivelé positif
- 350 m de dénivelé négatif
Vous trouverez de l’eau (et quelques glaçons) durant toute cette journée de marche. Nous avons tenté autant que possible d’éviter de marcher sur la piste en reprenant des bouts de sentiers non détruits quand nous les voyions. Mais si c’était à refaire, nous ne le retenterions pas. Plusieurs passages étaient assez dangereux, remplis de gravats instables. La piste est plus ennuyeuse et plus longue mais beaucoup plus sûre!
Jour 5: Laguna San Francisco, premier aperçu sur l’Ancohuma et le lac Titicaca
Matinée glaciale
Ce matin-là, nous touchons des sommets de froideur. Il y a de la neige dans la tente, les gourdes ont complètement gelé et même la rivière qui coule à côté de la tente est figée. Qui sait à quelle température gèlent les rivières ? Dès que nous remplissons la casserole d’eau, elle gèle instantanément. On n’a jamais vu ça! On décide donc de traîner un peu ce matin-là pour attendre le dégel de la tente et de nos pieds.
Puis, nous suivons notre trace GPS préférée qui nous indique qu’un chemin monte sur le flanc droit de la vallée. Il est plus ou moins visible mais nous parvenons à monter progressivement jusqu’à un nouveau col à 4900 m auquel nous arrivons en 1 h de grimpette. Le paysage est magnifique! Nous profitons du plus beau panorama de ce trek. Entourés de montagnes enneigées et de lagunes glaciaires, nous nous sentons seuls au monde et privilégiés d'assister à ce spectacle. Au loin, nous discernons aussi le lac Titicaca et le Nevado Ancohuma qui culmine à 6427 mètres.
Les excuses en F
Et là, le froid, la fatigue, la faim (ou autre excuse en "F") nous fait perdre nos repères. Pour gagner du temps, nous coupons sans chercher de sentier en direction de ce que nous croyons être la lagune San Francisco. Erreur d’orientation manifeste! Après quelques galères dans les cailloux, nous comprenons notre erreur et faisons demi-tour en râlant. Quelques crêtes plus tard, nous apercevons la bonne lagune et le chemin qui y mène. Ce crochet nous rallonge d’1 h 30 le parcours et joue un peu avec nos nerfs.
La fatigue s’accumulant au fil des jours, nous décidons de ne pas aller plus loin et d’installer notre campement près de la cascade sur la rive droite du marécage en amont de la lagune et nous avons profité d’un après-midi ensoleillé pour nous reposer. Quelle joie de pouvoir faire une petite lessive et une vraie toilette au milieu d’un cours d’eau couvert de glaçons ;).
- Du col Calzada à la lagune San Francisco
- 9 km (2 h, 4 h avec les détours!)
- 500 m de dénivelé positif
- 600 m de dénivelé négatif
Jour 6: Millipaya, retour aux vallées peuplées et cultivées
Vue sur le lac Titicaca
Cet après-midi de repos nous a bien reboostés et nous repartons tous fringants le matin suivant pour nous attaquer au dernier col de ce circuit, le col sans nom situé à 4867 m. Encore une fois, une piste a remplacé le sentier et nous la suivons raisonnablement pendant 2 h en nous élevant au-dessus de l’immense lagune San Francisco.
En arrivant au sommet, l’Altiplano et le lac Titicaca se découvrent à nous dans toutes leurs étendues. Nous croyons apercevoir la mer avec sa myriade d’îles, au milieu desquelles trône l’Isla del Sol. Dire qu’on y était il y a encore quelques jours! Nous voyons aussi la piste qui descend en lacets jusqu’à l’Altiplano. Quoi? Encore une piste interminable? Il fait beau, la visibilité est parfaite et nos jambes en meilleure forme. Alors, nous décidons de couper hors sentier.
Direction Millipaya
Après avoir traversé des étendues herbeuses puis des champs cultivés, nous arrivons à la communauté Alto Logena après 3 h de descente. Les enfants jouent dans le village, des cochons et des moutons broutent le long de la piste. Les hommes sont dans les champs et préparent la terre pour la nouvelle saison, ils nous saluent. La vie est de retour et cela nous rend timide. Cela fait 4 jours que nous n’avons vu personne. 1 h 30 de descente plus tard, nous arrivons au village de Millipaya à 3500 m en suivant la piste sur la rive gauche de la rivière.
Après Millipaya, le chemin se poursuit normalement toujours sur la rive gauche de la vallée. Comme les locaux nous indiquent qu’il est difficile à trouver, nous avons choisi de prendre la piste sur la rive droite de la vallée. Cette dernière est très peu fréquentée par les véhicules et nous n’avons pas été dérangés. Nous nous enfonçons vers l’Amazonie et quittons l’espace des sommets. Les vues sont moins impressionnantes, nous sentons venir la fin. Nous campons à proximité de la compagnie minière environ 1 h 30 après Millipaya, près de la piste sur la rive droite de la vallée.
- De la lagune San Francisco à Millipaya
- 22 km (7 h)
- 600 m de dénivelé positif
- 1600 m de dénivelé négatif
Au contraire des autres vallées traversées, celle-ci est beaucoup plus peuplée et cultivée. À partir d'Alto Logena, à moins de demander l’autorisation à un paysan, il est assez difficile de trouver un endroit pour camper en toute tranquillité. Si vous le souhaitez, la randonnée peut se terminer en 6 jours, car des combis se rendent quotidiennement à Sorata et même à la Paz depuis Millipaya.
Jour 7: retour à Sorata
Lors de cette demi-journée de trek sans grand intérêt, nous avons marché sur la piste en traversant des hameaux. Nous assistons à des scènes de la vie campagnarde d’ici. Rapidement, nous apercevons Sorata au loin mais si des dizaines de chemins y mènent, il est difficile de trouver le plus court. Après des tours et des détours, nous finissons par atteindre la route pour rejoindre Sorata et sa chaleur accueillante.
- De Millipaya à Sorata
- 14 km (2,5 h)
- 100 m de dénivelé positif
- 700 m de dénivelé négatif
Nous avons eu l’impression d’approcher les étoiles pendant ce trek qui a été sans doute l’un des plus difficiles mais aussi l’un des plus surprenants avec de nouvelles vues à chaque détour de lacet. Merci le circuit d'Illampu!
On tient à remercier Anaïs et Bruno pour leur partage d'expérience et leur accueil chaleureux à Strasbourg. Nous espérons qu'ils vous auront donné envie de vous dépasser et de tenter cette aventure au cœur de la cordillère Royale en Bolivie. On vous souhaite tout de bon pour la suite les amis et on vous dit à bientôt!
Il est temps pour nous de clore ce chapitre avec le dernier article pratique traitant du budget nécessaire pour un voyage en Bolivie. Sinon, rendez-vous au Chili!
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Pierre-Luc - Explorer la planète
Superbe trek! J’enfile mes bottes, je prends une chique de coca et je m’y lance! Sans blague, est-ce que ce trek est populaire? Avez-vous rencontré d’autres voyageurs en chemin? En cas de pépin, cette randonnée est-elle fréquentée par des locaux?
Anaïs et Bruno
Salut Pierre-Luc,
Merci du retour ☺.
Effectivement ce trek est assez peu connu même s’il est noté comme "hotspot" par un certain nombres de guides (Lonely planet notamment). Du coup, nous n’avons pas croisé un seul randonneur en une semaine. Nous avons même rencontré un guide de randonnée à Sorata qui nous a dit que seuls une petite dizaine de groupes se lancent chaque année avec un guide local et des muletiers.
Le premier et 2 derniers jours nous avons croisé de nombreux locaux ainsi qu’à Cocoyo et au sud de Chayopaya mais sur le reste du parcours, personne!
Des locaux parcourent ces chemins mais je crois qu’il ne faut pas trop compter dessus.
Pour les pépins, y a plus qu’à prendre une bonne trousse à pharmacie et compter sur sa bonne étoile. D’ailleurs les nuits sont là haut éclairées comme jamais
Pierre-Luc - Explorer la planète
Super! Merci Anaïs et Bruno pour votre réponse. Ca donne encore plus envie d’essayer ce trek! Bonne continuation et super blogue en passant! 🙂
miranda
Gorgeous landscape of Sorata seems refreshing seeing those pictures thanks.
Pauline
OoOooh! C’est bien le genre de truc dans lequel je me lancerais! Vu la difficulté et la non-fréquentation, va falloir que je me trouve un partenaire de marche!
Comme rando sur plusieurs jours en montagne, je n’ai fait que le GR20 en Corse, est ce que la difficulté est comparable? Plus ou moins dur?
Merci 🙂
Anaïs et Bruno
Thanks a lot Miranda
Anne Sophie et Rémy
Bonjour Anaïs et Bruno
Nous tenions également à vous remercier car, en voyage depuis quelques mois en Amérique du Sud, nous avons nous aussi achevé le tour de l’Illampu depuis quelques jours et vos informations nous ont été d’une très grande utilité! Nous sommes également contents de voir à quoi ressemble Cocoyo car pour nous cette journée a été rendue difficile à cause du brouillard… Nous gardons toutefois de merveilleux souvenirs de ces paysages exceptionnels! Merci encore!
Anaïs et Bruno
Merci Anne-Sophie et Rémy. Ça nous fait super plaisir de savoir que d’autres locos se sont lancés à l’assaut de ce trek.
On n’oublie pas de si tôt le passage dans ces montagnes 🙂
Paul
Merci à tous les deux pour votre blog très inspirant ! Nous hésitons à nous lancer dans ce treks à cause du nombre de kilomètres de piste qu’il faut emprunter. Est-il possible de les éviter en partie ? Y’en a-t-il autant qu’il semble en avoir à la lecture de votre article ? merci !
Bruno
Bonjour à vous 2.
Formidable votre topo sur l’Illampu , j’y vais dans 2 mois . Vous nous facilitez la tache bien que j’ai pu trouver en France la carte d’Alpenverein (y’en avait pas des piles non plus ).
Ce que j’avais prévu colle avec ce que vous annoncez notamment pour l’eau et la nécessité d’un filtre ( sans ça on peut pas s’engager 6 jours ).
Un grand merci et bonne route ….
Saludos
David
Merci pour le récit de votre trek. Il répond aux questions que je me posais. Mille merci !