Si vous nous suivez, vous savez qu’on habite désormais dans le petit village des Haudères, au coeur du Val d’Hérens… village qui se trouve au pied de la majestueuse Dent-Blanche (4357m) mais aussi sur de nombreux tours de randonnées comme le tour du Val d’Hérens, la haute route d’été (entre Chamonix et Zermatt), la via des cols alpins et aussi le tour du Cervin!
Allez savoir pourquoi, avec Fabienne on n’avait encore jamais été randonner dans la région de Zermatt pour admirer le Cervin (peut-être qu’on l’avait déjà trop vu en photo). C’est un peu le comble pour les randonneurs suisses que nous sommes et on s’est dit qu’il était temps de combler cette lacune! Et si on regarde sur une carte, on se rend compte que le Cervin est tout proche de chez nous (qqch comme 20 kms à vol d’oiseaux)…
Alors pourquoi pas y aller à pieds depuis la maison?
Et puis on avait aussi envie de partir faire ce genre de rando avec notre chien Winchy pendant qu’il est encore en pleine forme, de profiter de partir à l’aventure avec lui. C’est aussi ce qui nous a poussé à embarquer tout notre matériel de bivouac, car la plupart des cabanes et hébergement n’acceptent pas les chiens (et c’est pas grave car on adore bivouaquer).
Bref… c’est donc comme ça qu’on a décidé de se lancer sur la partie la plus alpine du tour du Cervin, entre le petit village d’Arolla au fond du val d’Hérens et la station de Zermatt. Et comme on a honnêtement eut un peu de peine à trouver des infos détaillées sur cette partie du tour, on a décidé de vous préparer un guide super détaillé! Comme ça vous saurez dans quoi vous vous lancez 😉
- Le tour du Cervin en quelques chiffres (+ carte / GPX)
- Notre itinéraire de Arolla à Zermatt en 4 jours
- Arolla – Prarayer par le col Collon (traversée du haut glacier d’Arolla)
- Prarayer – Cervinia par le col de Valcornera (ou Valcornière – Valcournera)
- Cervinia – col et glacier de Théodule
- Descente à Furi et randonnée des 5 lacs
- Ce qu’on retient de notre rando sur le tour du Cervin
- Faire le tour du Cervin avec Allibert Trekking
Le tour du Cervin en quelques chiffres (+ carte / GPX)
Le tracé officiel du tour du Cervin commence au village de Randa pour terminer à Zermatt. En quelques chiffres ça donne:
- plus de 140 kms de rando (en fonction des variantes)
- 10’000m de dénivelé + et –
- 6 vallées différentes (4 en Suisse et 2 en Italie)
- 2 traversées de glacier (le haut glacier d’Arolla et le glacier de Théodule)
- point le plus haut: 3300m (col de Théodule)
- difficulté: T4 sur l’échelle du CAS
- entre 7 et 9 jours de rando
Voici à quoi ça ressemble sur une carte:
Notre itinéraire de Arolla à Zermatt en 4 jours
Avec notre projet de coliving, il nous était difficile de nous absenter plus de 4-5 jours d’affilée cet été (été 2024). Et comme on connaît déjà assez bien une partie de l’itinéraire qui vient de la vallée de Zermatt jusqu’au Val d’Hérens (on avait déjà fait 3 jours de rando entre St-Nicholas et la vallée de Tourtemagne, le Barrhorn, on a aussi déjà été se balader du côté de Zinal), on a décidé de se lancer sur les étapes les plus alpines de ce tour du Cervin, entre Arolla et Zermatt en passant par l’Italie.
Il est important de noter que les 2 étapes entre Arolla et Prarayer par le col Collon puis le col de Valcornera ne sont pas faciles (côtées T4 sur l’échelle du CAS). On est clairement sur des sentiers de haute montagne et ça se ressent!
Avant de passer le col Collon, il faut par exemple traverser le haut glacier d’Arolla… Même si le glacier est assez plat et peu crevassé, ça reste une traversée de glacier. En ce qui me concerne, j’avais été repérer l’étape en amont pour être certain de ne pas embarquer Fabienne dans des endroits trop difficiles. Ce qui m’a aussi permis de juger qu’on n’avait pas vraiment besoin d’emporter corde et baudriers… même la paire de petits crampons que nous avions prise avec nous, on ne l’a pas utilisée.
Le col de Valcornera est aussi assez exposé et on l’a trouvé plus difficile que le col Collon. C’est bien équipé mais il faut avoir le pied sûr et ne pas être trop sujet au vertige. Avec le chien certain passages était aussi un peu délicats (j’ai du le porter plusieurs fois sur quelques mètres lorsqu’il y avait des échelons).
Il faut aussi avoir suffisamment d’endurance puis que ces étapes font entre 15-20 kms avec plus de 1300m de dénivelé +- en traversant des terrains assez difficiles (beaucoup de pierriers).
Vous trouverez tous les détails et photos des étapes ci-dessous. On vous laissera juger pour vous-même de la difficulté.
Aussi, une fois passé le col de Théodule, on a fait quelques variantes pour profiter au mieux du Cervin (on a fait le Matterhorn glacier trail et la rando des 5 lacs) à la place de prendre le chemin le plus direct pour descendre à Zermatt. Voici une carte détaillée de notre itinéraire:
En chiffres, notre itinéraire de Arolla à Zermatt c’est:
- plus de 65 kms de distance
- environ 4500m de d+ et 5000 de d-
- 2 traversées de glaciers
- 3 nuits sous tentes et une nuit à Cervinia
- 1 télécabine de pris pour gagner un peu de dénivelé à Cervinia
Bon, je pense que la on vous a assez donné de chiffre et qu’il est temps de rentrer dans le vif du sujet 🙂
Arolla – Prarayer par le col Collon (traversée du haut glacier d’Arolla)
Comme j’avais déjà repéré cette étape en amont et que je savais qu’elle était longue, on quitte le coliving de bonne heure (6:30) pour commencer à marcher à 7h tapante à Arolla. On est accompagnés de nos amis Lucie et Louis qui avaient envie de découvrir le haut glacier d’Arolla et le col Collon. C’est donc en excellente compagnie qu’on entame cette aventure jusqu’à Zermatt.
Les premiers 2 kms sur une piste sont parfaits pour l’échauffement jusqu’au fond du vallon. On n’a plus trop l’habitude de porter les gros sacs à dos avec tout notre matos de bivouac (ça faisait quasi 2 ans qu’on n’était plus parti sur ce genre d’aventure) et ça fait du bien de commencer en douceur.
Mais pas pour bien longtemps… à cause des grosses intempéries de Juin 2024 qui ont causé d’énormes dégâts dans la vallée, on doit emprunter un itinéraire alternatif car il manque un pont sur le chemin normal (j’ai indiqué le chemin normal sur la carte… car le sentier devrait être rétabli d’ici à la saison prochaine). On commence donc notre montée vers le glacier d’Arolla dans les cailloux… cailloux qui ne vont plus nous quitter de la journée lol. Mais bon, on ne va pas se plaindre car le vue sur le Mont Collon et le bas glacier d’Arolla est déjà superbe.
On atteint ensuite un petit replat avec des tables de picnic, surplombé d’une vierge Marie et d’où on a une magnifique vue sur tout le vallon d’Arolla. On continue notre grimpette jusqu’à atteindre une intersection avec un sentier qui monte à gauche vers plan Bertol (et la cabane Bertol) et à droite vers le haut glacier d’Arolla. On passe un premier petit passage avec des échelons (mais sans grande difficulté) même si je dois aider un peu Winchy à passer.
Au-dessus de ce passage, la vue se dégage complètement sur la vallée qui nous emmène au pied du glacier. On apprécie aussi d’avoir un peu de répit en terme de dénivelé, même si après une courte descente, le sentier disparaît petit à petit, ne nous laissant que des cairns pour nous diriger. Bon… il y a peu de doute à avoir puisqu’on aperçoit déjà le fond du glacier qu’on doit traverser.
On remonte le torrent sur sa rive gauche jusqu’à atteindre le pied du glacier… Lors de ma reconnaissance, j’étais monté un peu trop à gauche alors qu’il est plus facile de monter directement sur la moraine centrale du glacier (voire la photo ci-dessous… même si les conditions peuvent changer d’année en année)
Puis on est remonté le glacier en restant sur cette moraine pour atteindre une partie plus plate un peu plus haut. C’est à cet endroit là que j’avais croisé lors de ma reconnaissance un guide italien qui m’avait montré le meilleur endroit (d’après lui) pour monter jusqu’au col Collon. Il m’avait conseillé de traverser le glacier sur sa partie plus plate puis d’aller assez au fond à droite avant de remonter la moraine.
C’est donc ce que je vous recommande de faire. Nous avons traversé le glacier sur sa partie plus plate puis l’avons longé sur sa partie droite assez loin avant de remonter la moraine (des traces étaient clairement visibles). On a bien vu un piquet indicatif un peu plus tôt à droite sur la moraine mais nous avons préféré continuer plus loin et suivre les conseils du guide italien.
Je vous met quelques photos pour vous donner une idée avec une petite trace sur l’une d’entre-elles. Mais globalement c’était pas bien difficile car le glacier est peu crevassé et presque plat.
Ca monte sec à la sortie du glacier mais il ne reste plus que 200m de d+ à grimper. On passe 2 jolies gouilles avec la Dent d’Hérens qui pointe le bout de son nez. Devant nous on voit l’impressionnant glacier d’Oren (qu’on doit traverser sur une petite section) et le col de l’Evêque… le col Collon est juste à notre gauche. On y est presque!
En parlant du glacier, on était justement en train de traverser la petite langue de glace avant le col Collon lorsqu’on entend un bruit sourd! Sur notre droite, à quelques centaines de mètres de nous, tout un pan de la face sud-est de l’Evêque s’effondre sous nos yeux. A ce moment, Winchy n’est pas attaché et s’enfuit jusqu’au col Collon… Par reflexe, même si on se trouve à une distance raisonnable, on marche aussi rapidement vers le col Collon car un gros nuage de poussière se dirige vers nous. Franchement impressionnant!
Après cette petite frayeur, on retrouve Winchy terrorisé à côté de la croix du col Collon (3074m). De là on a une vue magnifique sur un lac au bleu turquoise dans son écrin minéral! C’est vraiment super beau et on en profite pour faire une pause picnic bien méritée!
Je pense que depuis Arolla avec nos gros sacs… il nous aura bien fallu 6h pour arriver jusqu’au col.
Depuis ici on se trouve officiellement en Italie et on entame la longue descente jusqu’à Prarayer. Honnêtement on a trouvé que le sentier était bien marqué et plus facile du côté italien. Bien sûr c’est toujours des cailloux mais on n’a plus besoin de naviguer de cairn en cairn comme de l’autre côté.
On passe au-dessous du refuge Nacamuli. Les paysages alpins sont splendides et c’est vraiment une des plus belle journée de rando qu’on ait faite jusqu’à maintenant. On passe une partie plus raide (facile à voire sur la carte) mais très bien équipée et qui ne pose finalement aucun soucis.
On continue à descendre le vallon au bord de la rivière. La fatigue se fait sentir mais on sait que l’étape du lendemain sera longue et on a vraiment envie d’arriver au bord du lac Place-moulin à Prarayer.
Après 2-3 heures de descente, on arrive enfin au bord du lac. On passe derrière le refuge de Prarayer où un panneau nous indique 3h30 de marche jusqu’au sommet du col de Valcornière (mouais… 😉 ).
On se cherche enfin un petit coin tranquille pour bivouaquer de l’autre côté. On trouve un chouette spot au milieux des arbres et on installe notre camp pour la nuit. On en profite pour tester pour la 1ère fois notre nouvelle tente Nemo dagger osmo 3p (une tente légère et autoportante p) et un ingénieux petit équipement de bivouac (qui fait tarp + hamac + cape de pluie pour seulement 500gr) qui s’appelle Trailhopper.
On vous en reparlera dans des articles séparés mais on était bien content d’avoir un hamac pour chiller après cette grosse journée de marche 😉 (si ce nouveau produit ingénieux et français vous intéresse, vous obtiendrez 17% de rabais avec le code NOVOMONDE).
- Distance: 18,7 kms
- Dénivelé: environ 1200m de d+-
- Difficulté: T4 sur la cotation rando du CAS (donc assez difficile)
- Durée: entre 9-11h avec les pauses (ça dépend aussi de comment vous êtes chargé 😉 )
Prarayer – Cervinia par le col de Valcornera (ou Valcornière – Valcournera)
Malgré avoir entendu des cloches de bétail juste avant de nous coucher (on s’est donc levé pour protéger un peu les alentours de la tente pour éviter que des vaches s’approchent), on a passé une plutôt bonne nuit de sommeil… même si on a quand même quelques courbatures de la veille.
A 8h on a tout plié, pris notre petit dej et bu notre cappuccino instantané… on est donc au taquet pour s’attaquer au col de Valcornera (ou Valcornière en français) qui faisait un peu peur à Fabienne d’après ce qu’on avait lu en ligne.
Ce matin pas d’échauffement et on commence tout de suite par une bonne grimpette de 200m de d+ pour entrer dans la combe de Valcornière où la pente s’adoucit. Derrière nous on a une très belle vue sur toute la descente qu’on a effectué la veille ainsi que sur la Dent d’Hérens à notre gauche.
Une fois au fond du vallon, le sentier bifurque à gauche et c’est à partir de là que les choses sérieuses commencent! A voir comme ça, on a de la peine à s’imaginer qu’un sentier monte bien là vu qu’il y a plusieurs barres de rocher qui semblent difficilement franchissables lol.
Evidemment, le chemin passe bien par là entre les barres rocheuses! On avance tranquillement car le sentier est très raide et exposé. Heureusement qu’il est bien équipé de belles cordes bleues et d’échelons. Mais bon, il y a clairement des endroits où il ne vaut mieux pas glisser… et je vous déconseille de vous engager sur ce col par mauvais temps.
Aussi, si comme nous vous envisagez de passer par là avec votre chien, sachez qu’il est probable que vous deviez l’aider / le porter à quelques endroits. Donc je vous recommande au minimum d’avoir un harnais qui vous permettra de le soulever facilement. Voici quelques photos de cette portion pour vous donner une idée:
La pente s’adoucit un peu avant d’arriver à un point d’eau (indiqué sur la carte). On en profite pour remplir nos gourdes et faire une petite pause car, comme vous allez le constater, on n’est pas encore au bout de nos peines 😉 .
Après le point d’eau on débouche sur une sorte de grand cirque rocheux (ou un pierrier géant c’est comme vous voulez 🙂 ). Et tout au fond de ce gros tas de cailloux on peut voir le sommet de col de Valcornière. Au moins, on a le bout de la montée en ligne de mire cette fois!
A partir de là il n’y a plus vraiment de chemin. On suit simplement les marques jaunes sur les cailloux et les cairns. On traverse d’abord un névé qui a perduré jusqu’à la fin du mois d’août (plus facile de marcher sur la neige que sur ces cailloux 😉 ) puis on s’attaque aux derniers 200m de dénivelé qui sont très raides.
Difficile de suivre un sentier en particulier car j’ai eu l’impression qu’il y avait plusieurs traces… mais dans tous les cas, il n’y a pas trop d’hésitation à avoir. Ce dernier bout est assez pénible avec nos gros sacs à dos et tous ces cailloux pas très stables… mais après 4-5 heures de montée depuis notre spot bivouac, on arrive enfin au sommet du col de Valcornera (les panneaux indiquaient 3h30 depuis Prarayer).
La vue qui nous attend au sommet est vraiment magnifique. On a le lac du Dragon et le Grand lac juste en face de nous. En arrière plan, on voit au loin les cimes enneigées du massif du Mont Rose. On en profite pour faire une bonne pause picnic bien méritée tout en profitant du panorama. On récupère aussi quelques forces puisque la descente jusqu’au refuge Perucca-Vuillermoz, bien que courte, est technique et demande toute notre concentration.
Sur la carte, il y a aussi un sentier indiqué qui semble aller tout droit en bas depuis le col… probablement qu’il y a eu un éboulement qui a partiellement détruit ce chemin mais cet itinéraire ne semble plus utilisé (et paraît dangereux honnêtement). On suit donc le sentier indiqué à gauche qui remonte d’abord un petit peu et qui contourne la barre rocheuse (qui semble difficilement franchissable depuis en-haut).
Heureusement, ce passage est lui aussi très bien équipé car c’est aérien et il ne vaut mieux pas glisser. J’ai d’ailleurs dû à nouveau porter le chien à un endroit qui descendait très raide avec des échelons.
Mais pour vous faire une meilleure idée, quelques images vaudront mieux que des mots (j’ai aussi tracé plus ou moins en rouge le parcours du sentier sur une photo prise depuis le bas):
Une fois au refuge Perucca-Vuillermoz, toutes les principales difficultés de la journée sont derrière nous! On s’offre donc une part de gâteau et un verre de soda pour fêter ça 🙂 . Mais on ne s’attarde pas trop pour autant puisqu’on a en tête d’arriver jusqu’à Cervinia (histoire de manger une pizza et de prendre un douche) et qu’il nous reste quand même plus de 12 kms à parcourir.
Le sentier qui descend du refuge est nettement plus facile et on avance beaucoup plus vite qu’avant. En plus les paysages traversés sont splendides! On passe de lac en lac, de cascade en cascade en descendant le long des cours d’eau! C’est vraiment un pur bonheur.
Après 1h de marche environ, on arrive à la hauteur d’un alpage où on doit remonter jusqu’à la fenêtre de Cignana (la petite remontée juste pour embêter 😉 ). A partir de cet endroit, on commence à croiser plus de monde puisqu’on s’approche sérieusement de Cervinia. C’est aussi là qu’on arrive enfin à réserver une chambre pour la nuit à Cervinia… Ce qui nous assure une bonne douche, une pizza et nous donne une dose supplémentaire de motivation pour les 7 derniers kms.
Peu après ce petit col, on aperçoit enfin la face sud du Cervin! On décide de rester sur le sentier du haut qui offre de magnifiques points de vue sur le caillou le plus connu des alpes! Après 3-4 kms sur le sentier en balcon, on prend le 2ème chemin qui descend au fond de la vallée. La dernière partie de marche jusqu’au village de Cervinia ne présente que peu d’intérêt puisqu’on longe principalement un terrain de golf des plus moche.
On trouve aussi que le village de Cervinia n’est pas très beau… c’est une sorte de mélange d’architecture de différentes époques sans réelle unité. On récupère donc rapidement la clé de notre chambre, on prend une bonne douche, on laisse Winchy se reposer dans la chambre pendant qu’on s’offre une bonne pizza (j’aurais pu en manger 2 lol) et à 10h on s’écroule dans le lit 😉
- Distance: 16,5 kms
- Dénivelé: environ 1350m de d+-
- Difficulté: T4 sur l’échelle du CAS mais on l’a trouvée plus difficile que la veille
- Durée: entre 9 et 11h de marche
- infos: Pour dire qu’on a réservé à la dernière minute, on a trouvé que notre hôtel à Cervinia offrait un très bon rapport qualité/prix (et accepte les chiens en plus)
Cervinia – col et glacier de Théodule
Ce matin c’est grasse mat puisqu’on doit attendre que le seul magasin d’alimentation de Cervinia ouvre ses portes à 8:30 pour refaire des provisions. En attendant, on se fait un délicieux petit dej (croissants fourrés et cappuccino) à la boulangerie sweet side située juste à côté du magasin, qu’on vous recommande chaudement.
Après avoir trouvé de quoi manger pour les 2 prochains jours, on décide de s’économiser 800m de d+ pas très intéressants en prenant la cabine jusqu’aux lacs des cimes blanches à 2800m d’altitude. Si on avait tout fait à pieds, la journée aurait été un peu longue, d’autant plus que cela consistait principalement à marcher sous les remontées mécaniques.
Déjà que le prix des cabines est assez cheros (23,5€ par personne et on n’a pourtant fait juste le petit trajet jusqu’aux lacs des cimes blanches… si vous voulez faire toute la traversée, comptez qqch comme 150€ juste l’aller lol), il vous faudra en plus mettre une muselière à votre chien. Evidemment on n’en avait pas avec nous mais ils en vendent au bureau d’information au fond des remontées mécaniques pour moins de 10 chfs.
Bref… on a acheté la muselière, on l’a mise pour rentrer dans une cabine et tout de suite enlevée.
Une fois au sommet du télécabine, on descend au bord du lac où on est un peu surpris de découvrir une… cimenterie avec camions, pelles mécaniques et tout et tout (si si). On s’y attendait hein mais en été, sur le domaine skiable de Zermatt – Cervinia, c’est littéralement le chantier! On ne sait pas exactement ce qu’ils font avec toutes ces machines mais ça prépare déjà la saison d’hiver.
On suit une large piste qui nous emmène d’abord à la station intermédiaire de Bontadini en passant par un joli lac. On a de beaux points de vue sur le Cervin mais on doit avouer qu’après 2 journées de rando dans un environnement alpin et sauvage, le retour à la civilisation est un peu brutal.
A notre droite on voit aussi la cabine suivante qui monte jusqu’au Plateau Rosà, endroit duquel on peut skier toute l’année et facilement tenter l’ascension du Breithorn (un des 4000 les plus facile de Suisse).
On continue sur la piste qui monte jusqu’au sommet du col de Théodule (qui se situe quand même à plus de 3300m). Même si ce n’est pas difficile, avec l’altitude on grimpe plutôt doucement. Depuis l’arrivée du télécabine aux lacs, il nous aura fallu qqch comme 2h pour arriver jusqu’au col.
Au sommet, on est un peu tiraillé par ce qu’on voit… d’un côté la vue sur le glacier de Théodule et le Breithorn est magnifique. Mais de l’autre, il y a des remontées mécaniques sur quasi tous les sommets, des gens skient fin août sur ce qu’il reste du glacier, il y a des dameuses et pelles mécaniques à 3300m… L’emprise de l’homme est totale ce qui contraste fortement avec nos 2 premiers jours de rando.
On doit avouer que ça s’éloigne passablement de notre conception de la montagne et qu’on n’est pas mécontent d’avoir choisi le Val d’Hérens pour s’installer et développer notre projet de coliving.
Une fois le col passé, on descend sur le glacier de Théodule qu’on doit traverser entièrement pour atteindre Trockener Steg (littéralement la passerelle sèche). Là où sur le haut glacier d’Arolla il fallait quand même s’orienter un peu, ici il n’y a guère de doute à avoir. Il y a littéralement une piste damée qui descend jusqu’au fond du glacier.
En ce qui nous concerne on n’a pas ressenti le besoin d’utiliser crampons ou corde et on a traversé facilement en mode rando. En descendant, la vue se dégage et on peut admirer sur notre droite le massif du Mont Rose et à gauche le Cervin, la Dent Blanche, le Weisshorn et la plupart des 4000 des alpes valaisannes. En faisant abstraction de toutes les infrastructures, on doit avouer qu’il y a beaucoup de jolis cailloux autour de nous 😉 .
Une fois sorti du glacier, on s’offre une petite pause picnic avant d’entamer une série de “petits détours” pour profiter au mieux du Cervin qu’on découvre pour la 1ère fois du côté suisse.
Car oui les petits suisses que nous sommes n’ont encore jamais vraiment randonné dans les environs de Zermatt. On a donc bien l’intention de corriger le tir et de découvrir le caillou le plus connu de Suisse sous toutes ses coutures!
Depuis Trockener Steg, à la place de descendre directement à Zermatt, on part sur la gauche en empruntant le sentier du Matterhorn Glacier trail. On vous en reparlera plus en détail dans un prochain article mais c’est un itinéraire de rando qui relie Trockener Steg au Schwarzsee avec des panneaux didactiques sur les glaciers.
Plus que pour les panneaux didactiques, ce qui nous intéressait surtout c’était de pouvoir admirer le Cervin et ses deux arêtes principales (l’arête du Hornli et l’arête du Lion). Il y a aussi plusieurs lacs alpins le long du sentier qui nous ont offerts des panoramas magnifiques! Je vous laisse juger 😉
Le sentier passe juste en-dessous de l’arête et de la cabane du Hörnli. On voit d’ailleurs les alpinistes qui défilent sur l’arête car c’est la voie normale pour gravir le Cervin du côté suisse. De notre côté, pas d’ascension du Cervin au programme et on se cherche plutôt un bon spot pour bivouaquer car il se fait tard.
On se trouve un bel emplacement au pied du Cervin (un peu plus haut que le schwarzsee) pour poser notre tente. On verra / entendra encore de nombreux alpinistes qui redescendent du Cervin jusqu’à tard dans la soirée. De son côté, Winchy est KO et on lui fait d’abord un peu d’ombre avec notre tarp avant de le laisser dormir dans la tente pendant qu’on profite des paysages au coucher du soleil.
- Distance: environ 14 kms
- Dénivelé: environ 700m de dénivelé +-
- Durée: 6-7 heures de marche
- Difficulté: Moyenne (pas de difficulté technique tant sur le glacier que les sentiers)
Descente à Furi et randonnée des 5 lacs
Il fait frais au lever du jour à 2600m! On a d’ailleurs de la peine à sortir Winchy de la tente et on l’emmitoufle dans une doudoune et une gore tex pendant qu’on plie le camp (la prochaine fois on prendra peut-être sa doudoune 😉 ). Après avoir avalé quelques biscuits et un cappuccino instantané, on se met en route en direction du Schwarzsee (ou lac noir si vous préférez). Avec les lumières du petit matin, le lac est absolument superbe avec le Cervin et la lune qui le surplombe.
Le plan de cette dernière journée de rando est de descendre jusqu’à Furi pour remonter du côté de Riffelalp et faire la fameuse rando des 5 lacs de Zermatt (parce qu’il y en a aussi une autre vers le Pizol dans le canton de St-Gall). On vous en reparlera en détail dans un article séparé mais ça sera notre dernier “détour” de cette aventure.
La descente jusqu’à Furi est plutôt chouette avec derrière nous le Cervin qui sort derrière l’hôtel du Schwarzsee et à notre droite le massif du Mont Rose et ses glaciers. Il nous faudra qqch comme 1h30 pour descendre… pile à l’heure pour le café sur une terrasse ensoleillée.
Bien qu’on ne soit plus très loin de Zermatt, on remonte donc en direction de Riffelalp sur un joli sentier dans la forêt. De temps en temps, on traverse ce qui doit être la piste de ski en hiver. Derrière nous, à travers les mélèzes, on a toujours une magnifique vue sur le Cervin et on se dit que la meilleure saison pour faire cette rando doit certainement être l’automne.
Une fois à la hauteur de l’alpage, on bifurque à gauche sur un sentier en balcon presque plat qui va nous emmener au premier des 5 lacs de la rando: Le Grünsee (ou lac vert). On passe la gare ferroviaire de Riffelalp où circule le fameux train qui monte au Gornergrat (un point de vue sur les glaciers / massif du Mont Rose et le Cervin). Tout comme le télécabine qui fait l’Alpine crossing, ce train est extrêmement cher et il vous faut compter plus de 100chfs pour l’aller-retour de Zermatt.
Depuis la gare, on sent qu’on arrive sur l’itinéraire de la rando des 5 lacs. Le sentier est large et très emprunté. Même les pierriers ont été aplatis pour faciliter l’accès aux randonneurs.
On profite d’une table de picnic pour manger le long du sentier. C’est un beau vendredi d’été et les promeneurs sont nombreux sur cet itinéraire. On passe d’abord au bord du lac vert (qui porte bien son nom) où pas mal de monde se baigne (ou bronze). Winchy en profite lui aussi pour se rafraîchir 😉
On traverse ensuite le Findelbach pour continuer sur une piste qui nous emmène au Grindjisee, le 2ème des 5 lacs. C’est peut-être celui que j’ai préféré car il est entouré de mélèzes / végétation et le Cervin s’y reflète à merveille.
Dernière grimpette pour nous, on monte en direction du Stellisee (le 3ème des 5 lacs) qui se situe juste en-dessous de l’alpage de Fluh et de son joli restaurant. Depuis là on a aussi un joli coup d’oeil sur l’Adlerhorn, le Strahlhorn et le glacier de Findel. La vue du côté du lac n’est pas vilaine non plus avec le Cervin qui s’y reflète aussi.
Depuis là, on se trompe un peu de sentier en empruntant le chemin du haut qui nous emmène au sommet du télécabine de Blauherd (à la place de descendre vers les 2 derniers lacs). On s’arrête au restaurant Blue lounge pour boire le rivella bleu le plus cher de notre vie (14chfs les 2 rivella quand même) et on prend une petite photo souvenir devant le coeur du Cervin avant de continuer notre route.
Pour rejoindre Sunnegga, on prend le sentier des marmottes sans faire d’autres détours pour voir les 2 derniers lacs. C’est donc depuis en haut qu’on appréciera le Mosjesee et le Leisee avant de rejoindre la station de Sunnegga, où il y a carrément un métro qui redescend à Zermatt (et qui ne coûte pas un bras pour une fois, 9 chfs la descente).
On avait bien pensé bivouaquer autour des lacs sur les hauteurs… mais honnêtement, il y a bien trop de monde dans ce coins et il ne nous est pas paru très malin de camper par là-haut. Du coup on a préféré redescendre à Zermatt et dormir au camping. Le camping est plutôt bon marché pour Zermatt (20chfs par personne)… mais on a trouvé que les infrastructures étaient un peu limite pour autant de monde. Le camping était blindé et il n y avait que 4 toilettes et 4 douches pour tout le monde. Mais il a le mérite d’exister, ce qui permet aussi au “vulgum pecus” de dormir à Zermatt pour pas cher!
- Distance: 16,1 kms
- Dénivelé: environ 850m de d+ et 1000m de d-
- Durée: 7-8h
- Difficulté: facile
Ce qu’on retient de notre rando sur le tour du Cervin
Pour conclure, on peut dire que c’est un des plus beaux tour qu’on a fait mais aussi qu’on était un peu au max de ce qu’on peut faire avec le chien et tout le matos de bivouac. Je pense que Fabienne sera d’accord si je dis qu’elle était déjà bien en dehors de sa zone de confort sur le col de Valcornière. Et on n’aurait pas non plus pu emmener Winchy dans des endroits plus escarpés que ça (en tout cas pas sans matériel adapté et sans l’entraîner à être porté avec une corde par exemple).
Mais on retiendra la tranquillité et l’ambiance alpine incroyable qu’on a ressentie sur les 2 premières étapes entre Arolla et Cervinia. Les endroits qu’on a traversé sur ces journées étaient vraiment sauvages et c’est notamment ce qu’on recherche quand on se lance dans ce genre d’aventure.
Et puis, malgré les infrastructures tellement développées autour de Zermatt-Cervinia, on a quand même apprécié découvrir le Cervin sous toutes ses facettes. Cette montagne est simplement magnifique et elle n’a pas volé son titre du plus beau caillou des alpes!
On a eu un peu de peine à trouver de bons retours d’expérience sur cette rando, mais voici les plus utils d’entre-eux:
- le tour du Cervin par Phil
- sur camptocamp il y a aussi des infos utiles sur le tour du Cervin ou le col de Valcornera
- le site officiel du tour du Cervin
Faire le tour du Cervin avec Allibert Trekking
Enfin, si vous n’avez pas envie de vous trimballer tout le matos de bivouac ou que vous ne vous sentez pas à l’aise de passer certain cols / glacier en solo, on vous recommande de partir avec Allibert Trekking sur le tour du Cervin.
On a randonné notamment les 2 premiers jours avec un group de 3 personnes qui faisaient le tour du Cervin en liberté avec Allibert. On a trouvé que cette offre était plutôt cool pour les raisons suivantes:
- Ils organisent tous les logements pour vous
- Ils transportent quand c’est possible vos bagages entre les étapes (pas besoin de randonner avec un énorme sac)
- Ils fournissent un guide pour les traversées de glacier
- Ils offrent la possibilité de faire l’ascension du Breithorn avec un guide italien
- Pour le reste vous êtes indépendants et bénéficiez d’un roadbook qui décrit en détail chaque étape
Evidemment, si vous préférez être accompagné d’un guide pendant toute la rando, c’est aussi possible mais ça coûte un poil plus cher!
Voilà je crois que vous avez tout sur notre aventure entre Arolla et Zermatt sur le tour du Cervin! Si vous avez encore des questions, n’hésitez pas à nous les poser en commentaire ci-dessous.
Audrey
Merci pour ce récit inspirant sur le tour du Cervin ! La randonnée a l’air incroyable.