Avertissement : Si j’écris ce poste aujourd’hui, c’est que je m’interroge par rapport à plusieurs choses qui m’ont marqué ces derniers temps et dont on a, à mon avis, très peu parlé par chez nous. Je vais donc pour la 1ère fois sur ce blog parler d’autre chose que de “Voyage”, au risque de froisser certains.
Mais après tout, ce blog est notre espace d’expression… libre à nous de l’utiliser comme il nous semble juste.
Je dirais que le déclencheur de cet article, aura été notre récent voyage en Thaïlande et au nord de la Malaisie, sur l’île paradisiaque de Langkawi.
La Haze: Brouillard pollué, notre expérience en Malaisie
Le jour suivant notre arrivée sur cette île, un épais brouillard appelé plus communément “Haze” l’a recouverte pour ne plus repartir de toute la semaine. Pour vous faire une idée, regardez ces photos… Je vous promet que les plus mauvais jours on ne voyait pas à 100m et que l’air était irrespirable.
Parce que oui, cette “Haze” n’est pas une simple brume qui ternit “juste” les paysages, c’est en plus un nuage toxique qui vous emplit les poumons de produits chimiques. Pour vous dire, les 3 jours où cette brume était la plus forte, nous sommes à peine sortis de l’hôtel car lorsque nous étions dehors, nous avions de la peine à respirer et nous ne nous sentions vraiment pas bien. Et là je me suis évidemment demandé:
“ Mais qu’est-ce qui peut bien causer un tel nuage toxique??? ”
Et la réponse, je l’ai trouvée plus de 1000 kms au sud-ouest de Langkawi, dans le sud des îles de Sumatra et de Bornéo en Indonésie.
Les incendies en Indonésie pour l’huile de palme
Vous l’aurez compris, cette épaisse brume est la conséquence directe des incendies qui faisaient rage en Indonésie. Des incendies causés par nous autres humains pour “nettoyer” la forêt vierge et faire de la place pour les plantations d’huile de palme.
Cette année, avec le phénomène el Nino et une saison des pluies tardive, la situation était particulièrement grave. Mais cette pratique ne date pourtant pas d’hier, elle est récurrente depuis des années! Il faut dire que l’huile de palme est un sacré business! On en trouve dans pratiquement toute la nourriture en paquet (Nutella, chocolat, biscuits), le savon, les shampoings et j’en passe… Franchement, difficile de l’éviter! (Vous trouverez une liste détaillée par ici)
Et pourtant les conséquences des ces feux de forêts sont terribles!!! Laissez moi vous énumérer les plus importantes:
La qualité de l’air dans les villes asiatiques
Je vous disais qu’à Langkawi (à plus de 1000 kms de là) on ne voyait pas grand chose et que l’air était irrespirable. Alors imaginez dans des villes situées plus au sud comme Singapour ou Kuala Lumpur qui comptent des dizaines de millions d’habitants. Ou encore pire, les villes du sud de Sumatra qui ont atteint un index de pollution de 2000 PSI (300 étant déjà considéré très dangereux, en Europe on dépasse rarement les 100).
Cette “Haze” a déjà causé plus d’un demi million d’infections respiratoires (cette année), les écoles ont fermé pendant plusieurs semaines et par dessus tout, des dizaines de millions de personnes ont respiré cette fumée toxique pendant des mois…
Et je le répète encore, ce problème ne date pas d’hier et ces gens font face à la brume toxique plusieurs mois par année. Difficile d’imaginer l’ampleur des conséquences sur leur santé dans le futur!
Crédit Photo: Wahdi Setiawan/Reuters
La déforestation massive pour l’huile de palme
A l’heure où la COP21 bat son plein, comment fermer les yeux sur les dizaines de millier d’hectares de forêt qui ont été brûlés pour l’huile de palme? Les arbres et les plantes, ces éléments si important, capables de stocker notre dioxyde de carbone avant qu’il ne s’accumule dans l’atmosphère (principal responsable du réchauffement climatique) et de produire notre oxygène.
Ironiquement, les feux de forêt eux-même produisaient cette année plus de CO2 en une journée que l’économie américaine toute entière !!! Cette catastrophe a donc un double impact négatif sur notre planète!
Disparition de certaines espèces animales
Afin de compléter le tableau, ces incendies menacent évidemment directement certaines espèces déjà en voie de disparition comme les orangs-outans, qui n’existent plus que sur les île de Bornéo et Sumatra justement… et bien d’autres (tigres, rhinocéros, éléphants, gibbons…).
Mais plus que de savoir qui est le principal responsable de ces feux de forêt (les industries d’huile de palme, des paysans pour qui la culture d’huile de palme est souvent la seule alternative à la pauvreté, l’état qui laisse faire, nous les consommateurs d’huile de palme…), vous savez ce qui m’a le plus choqué dans cette histoire?
Comment se fait-il que je (et Fabienne) n’étais pas au courant???
Certains problèmes sont passés sous silence… malheureusement
C’est bien connu, il faut souvent vivre un problème pour en mesurer l’importance (c’est triste mais vrai). Je dois aussi avouer que je ne lis pas beaucoup les médias… Mais le fait est que ce qui se passe en Indonésie est probablement la plus grosse catastrophe environnementale du 21ème siècle (jusqu’à maintenant)… Ça aurait du faire la une de tous les journaux à l’échelle mondiale non???
De retour en Suisse, je décide donc de demander à ma famille et mes amis s’ils savent ce qu’est cette “Haze” et s’ils en connaissent la cause… Et le constat est flagrant: Presque personne n’a entendu parler de ce problème! J’étais sur le cul… Je me suis demandé comment il était possible qu’on (et moi le premier) ne soit pas au courant d’une telle catastrophe. Imaginez une seconde un gigantesque nuage toxique s’étendant de la Grèce jusqu’à la France… Ça se saurait non?
Quelques semaines plus tard, le Brésil
Puis, début novembre, un autre évènement tragique m’a laissé une impression similaire. Un barrage qui retenait des déchets miniers a sauté au Brésil, répendant l’équivalent de 20’000 piscines olympique de boue toxique dans le 5ème fleuve du pays: le Rio Doce. Cette vague de boue, en plus d’avoir fait 13 morts sur son passage, a privé 280’000 personnes d’eau et le fleuve est maintenant considéré comme mort par les scientifiques.
Après avoir tué toute la faune sur son passage, la boue toxique a maintenant atteint l’océan Atlantique, 650kms plus loin. Cette catastrophe écologique est déjà considérée comme la plus importante de l’histoire du Brésil…
Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas eu l’impression qu’on en a beaucoup parlé par chez nous.
Alors… à qui la faute? les médias ou nous les lecteurs?
C’est la question que je me pose maintenant… D’un côté il y a les médias qui n’accordent probablement pas assez de place à des sujets qui sont pourtant de la plus haute importance (y a-t-il réellement une question plus importante que celle du climat à l’heure actuelle?).
Mais d’un autre côté je me dis que les médias sont finalement un peu le reflet de leurs lecteurs. Si nous nous intéressions plus (moi y compris) aux questions écologiques, il y’a fort à parier que les journaux (et tous les médias en général) répondraient à la demande en accordant plus d’importance à ces sujets.
La solution viendra donc de nous et de personne d’autre !
A nous donc de faire le premier pas… Il n’y a pas de spectateur aux questions écologiques. Et même si les tragédies que j’ai mentionné plus haut dans cet article ne touchent pas directement nos pays, à nous d’en parler, de nous informer, de trouver des solutions et de les partager sur internet.
Prenez l’exemple de l’huile de palme… une personne non consciente du problème comme moi, ne fait rien pour améliorer la situation. Mais maintenant que je me rends compte de l’impact qu’a la production d’huile de palme sur des millions de gens, il y a fort à parier que j’essaierai de diminuer ma consommation…
Une note d’espoir pour terminer
Pour finir, j’aimerais terminer cet article sur une note d’espoir. Quand je vois tout les gens qui se sont sortis dans les rues dans le monde entier avant la COP21 pour participer à ce qui est aujourd’hui la plus grande mobilisation pour le climat de l’histoire. Je me dis qu’il y a comme une prise de conscience collective… De plus en plus de gens se rendent compte de l’urgence de la situation et sont décidés à agir en conséquence.
Il est de toute façon trop tard pour être pessimiste et chaque action compte, aussi infime soit elle. N’attendons pas que les “grands” de ce monde décident à notre place. A nous de nous informer sur ces sujets, d’en discuter et d’agir à notre échelle.
Alors aujourd’hui, si je devais prendre une seule bonne résolution, ce serait de m’éduquer plus sur ces questions écologiques et d’agir en conséquence, à mon niveau.
Et vous, qu’en pensez-vous? Quelle serait votre bonne résolution pour la planète?
P.S. Si vous avez aimé cette article, partagez-le!
Aurélie
Tout d’abord un grand merci à vous pour cet article, qui m’a appris pas mal de choses… Je n’étais moi non plus pas au courant de ce phénomène, pas plus que de la situation dont vous parlez au Brésil. Je vous rejoins sur le fait que si l’on veut que les choses changent, il faut se bouger soi-même… Je vais désormais être bien plus vigilante concernant l’huile de palme.
Ma contribution à la bonne santé de la planète, pour ma part, c’est d’avoir arrêté de manger de la viande depuis notre retour de TDM. L’industrie de la viande est l’une des plus polluantes au monde et participe de manière non négligeable à la production de gaz à effet de serre, à la déforestation… sans parler de toute la souffrance animale engendrée pour simplement satisfaire nos goûts alimentaires. Il y a un article du Monde qui explique bien les choses : http://blog.mondediplo.net/2012-06-21-Quand-l-industrie-de-la-viande-devore-la-planete Lorsque j’ai commencé à me renseigner sur le sujet, il ne m’a plus été possible d’avaler le moindre petit morceau de steak…
Benoit
Salut Aurélie,
Merci pour ton commentaire. Je suis aussi tout à fait d’accord avec toi concernant la viande… Jusqu’à il y’a peu, je ne me rendais absolument pas compte de l’impact écologique qu’a l’industrie de la viande sur notre environement. De mon côté, je n’irais pas à aller jusqu’à devenir végétarien mais je peux facilement imaginer manger de la viande seulement si je vais au restaurant ou pour les occasions spéciales.
Mais encore une fois, j’ai l’impression que si plus de personnes étaient conscientes de ce genre de problématiques (l’industrie de la viande comme celle de l’huile de palme et bien d’autres encore), beaucoup de gens feraient plus d’efforts dans la bonne direction. D’ailleurs je n’en reviens toujours pas que je n’avais pas encore entendu parler de ces 2 problématiques jusqu’à il y’a quelques mois en arrière.Maintenant à nous de faire le 1er pas, à continuer d’en parler et à faire des efforts pour améliorer la situation 😉
Anne
Mais chut! surtout ne rien dire et continuer à faire comme si de rien n’était!!
Non, je crois que les générations nouvelles sont pleinement conscientes de tout cela. Les Babyboomers et la société de consommation à outrance finiront par disparaitre, j’y crois!!
Gaël Café du voyage
J’étais au courant de ces feux de forêt dévastateurs car je reviens d’Asie (Manille). Voyager, c’est aussi se rendre compte de choses très graves et choquantes qui sont filtrées par les medias… Pas toujours de quoi voir la vie en rose je suis bien d’accord avec vous.
D’un point de vue global, c’est un souci de ne pouvoir remettre en cause la sacro-sainte croissance économique (et démographique). Remettre en cause cela n’est pas politiquement correct, personne ne cherche à théoriser la décroissance (faire mieux avec moins)
Ok chacun peut faire un geste à son échelle, mais c’est quand même aux dirigeants d’insuffler les grands changements. Vivement en effet que la génération du baby boom quitte le pouvoir.
Benoit
Salut Gaël,
C’est peut-être en partie un problème de génération, ou encore de filtration de l’info par les médias… Mais je reste convaincu que d’en parler pour sensibiliser un maximum de personnes à ces problèmes est la meilleure façon d’initier un changement important.
Quant à ta remarque sur la décroissance, je la trouve très pertinente! Faire mieux avec moins… voilà un bon slogan politique! J’adhère ;).
Quoi qu’il en soit, tout comme Anne, j’y crois et je suis convaincu que l’avenir nous réserve des changements positifs!
Marjorie Loup@Auteure Créatrice d'Univers
Coucou !
Merci pour ce super article ! Moi non plus pas au courant (je ne regarde pas les infos) mais je ne suis pas sûre qu’ils en parlent vraiment : la censure des médias est maintenant connue. Disons la manipulation car quand ils veulent amplifier les choses, ils y arrivent aussi très bien (faire croire qu’on serait dans un pays catastrophique, si on les écoute).
Je vais moi aussi être plus attentive (et merci pour l’info sur l’huile de palme durable, je vais zieuter ça). Pour la viande, je n’en mange plus depuis plusieurs années, mais on peut en effet se contenter de la manger si on en a l’occasion, comme tu dis Benoît 😉
La Haze, jamais entendu parler non plus. Je pense vraiment que c’est volontaire de la part de ceux qui distillent l’info.
Vous avez fait un beau travail de recherches sur le sujet, merci encore et une toute belle année pour vous 🙂
Bisous
Benoit
Salut Marjorie,
C’est clair :)… on vit dans de magnifiques pays! la France, la Suisse… quelle chance on a!
Pour l’amplification et la filtration des infos, il est évident que le phénomène est bien réel… je ne vois pas d’autres solutions que de nous informer nous-même et de prendre conscience de certaine problématique. A nous de raisonner et d’agir ensuite en conséquence 🙂
Candie - Les Géonautrices
C’est fou que la plupart de ces évènements sont si peu montrés par chez nous. J’étais au courant des deux évènements dont tu as parlé dans cet article car mes sources médiatiques sont portés sur ce type de sujets, mais de même, quand j’en parle autour de moi, mon entourage se concentrant sur les médias classiques ne sont jamais au courant de certains faits, pourtant très grave, qu’il ce passe dans le monde.
On en revient à ce qu’on disait sur ton article “C’est quoi réussir en 2019 ?” et le fait qu’il faut continuer à parler de tout ça autour de nous pour sensibiliser. On ne va pas aller se jeter sous un bus, mais accepter tout ça n’est pas envisageable non plus.
Benoit
Hello Candie,
Oui c’est assez fou on est bien d’accord mais c’est pas demain la veille que ça fera la une des journaux. Donc oui il faut continuer d’en parler et de faire ce qu’on peu à notre échelle. Je me dis aussi qu’en se regroupant (blogueurs ou autres) on pourrait peut-être aussi avoir plus d’impact sur la sensibilisation… A méditer tout ça!