Le zéro déchet (ZD) est bien plus qu’un mode de vie, c’est une réflexion sur notre façon de consommer pour limiter les déchets que nous produisons. Cette démarche est progressive et applicable partout, mais plus facilement dans certaines facettes de la vie quotidienne. Mais comment l’appliquer lorsque l’on est en vacances?
Peut-on limiter ses déchets même en voyageant à l’autre bout du monde?
Spoiler alert: oui! On vous apporte toutes les pistes pour vous aider à mettre en place des habitudes zéro déchet lorsque vous voyagez. Suivez le guide!
Dans cet article, nous abordons uniquement le sujet des déchets ménagers, c’est-à-dire ceux qui sont produits dans le cadre d’un voyage, qu’il soit au long cours ou non. Nous avons volontairement laissé de côté les autres catégories de déchets afin de rendre l’article plus concret. Si le sujet des différents types de déchets vous intéresse, on vous recommande la lecture de ce chapitre, Comprendre la notion de déchet pour éviter leur production, écrit par Yvon Pesqueux.
Avant de nous attaquer au vif du sujet, voici un petit rappel sur les déchets pour vous mettre dans le contexte.
Les déchets, un enjeu mondial
Définition
Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas!
Cette phrase, c’est le credo du zéro déchet. Mais au fait, qu’est-ce qu’un déchet (ménager)?
En gros, un déchet est tout ce qui est jeté à la poubelle et qu’on ne peut plus utiliser pour son usage initial. Cela va du trognon de pomme jeté dans la poubelle des déchets organiques à l’emballage en plastique recyclable de la barquette de fraises en passant par le tube de dentifrice vide ou le flacon de gel douche.
La production des déchets
En 2023, la population mondiale a produit 2,1 milliards de tonnes de déchets (ménagers), soit 260 kilos par personne et par an en moyenne. Et l’UNEP annonce qu’en 2050, on devra s’attendre à 3,8 milliards de tonnes si davantage de mesures individuelles et collectives ne sont pas mises en place… En effet, la production de déchets dépend de 3 choses:
- la conception des produits: cela va du choix des matériaux à la quantité produite en passant par le fait qu’ils peuvent être réutilisés, réparés ou recyclés;
- les décisions des citoyens: c’est notre consommation, notre décision sur la manière d’acheter ou non quelque chose, de l’utiliser, et de le rejeter, ainsi que notre choix de le réutiliser, le réparer, le recycler;
- la gestion des déchets: elle implique la capacité des systèmes à gérer les déchets (collecte, tri, recyclage, élimination) en toute sécurité, et l’existence de systèmes de réutilisation et de remplissage.
L’impact environnemental des déchets
Vous avez sans doute déjà vu lors de vos périples (ou à côté de chez vous) des déchets joncher le sol que ce soit sur une plage, dans le lit d’un ruisseau, à côté d’habitations… Canettes, mouchoirs en papier, emballage de biscuits, boîtes en polystyrène, bouteilles en plastique, etc. Peut-être avez-vous déjà vu cette vidéo en Indonésie qui montre l’étendue des dégâts. Eh oui, certains pays n’ont pas de système décent de collecte des déchets… Oui, il existe bien des inégalités au niveau de la capacité de chaque pays à gérer ses détritus.
Et on pourrait facilement rejeter la faute aux pays moins avancés en matière de collecte et de transformation. Il est certain que si tous les pays étaient dotés de systèmes dernier cri pour collecter, trier, recycler et éliminer les déchets, ce serait bien mieux qu’aujourd’hui. Seulement, cela ne réglera pas le problème initial: la source de tout cela, c’est la quantité de déchets qui croît d’année en année. Adopter le zéro déchet pour s’en aller vers une économie circulaire serait encore mieux! Pour comprendre, voici les impacts des déchets d’un point de vue environnemental.
Changements climatiques
On n’y pense pas forcément mais les déchets ont une influence sur la crise climatique que nous sommes en train de traverser. En effet, les déchets génèrent des gaz à effet de serre (GES) sur l’ensemble de leur cycle de vie:
- extraction, transport et transformation des matières premières;
- fabrication du produit selon les normes et consommation d’énergie;
- emballage et transport;
- consommation;
- fin de vie (collecte, stockage, traitement et élimination).
Toutes ces étapes produisent donc des GES et particulièrement du dioxyde de carbone, du méthane et du protoxyde d’azote, gaz contribuant au réchauffement climatique.
Pollution
On ne vous apprend rien en disant que les déchets polluent à la fois la terre, l’eau et l’air. La contamination des sols et des milieux aquatiques par les déchets s’effectuent de façon directe ou indirecte:
- Directe:
- infiltration et accumulation de contaminants (produits chimiques, métaux lourds) issues des déchets;
- infiltration dans le sol du lixiviat, le liquide résiduel de la décomposition des déchets, chargé de produits toxiques;
- dégradation du plastique dans l’eau, ce qui conduit à la formation de microplastiques et à son entrée dans la chaîne alimentaire,
- Indirecte:
- pollution des nappes phréatiques et des cours d’eau par ruissellement du lixiviat.
Pour l’air, là aussi la pollution par les déchets prend différentes formes. Leur stockage et leur décomposition dans les décharges provoquent l’émission de méthane dans l’atmosphère. Avec l’incinération, les fumées émises sont chargées en microparticules et en gaz polluants (dioxyde de carbone, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, oxyde d’azote, ammoniac).
En plus des impacts sur l’environnement, cette pollution impacte notre qualité de vie, notamment notre consommation d’animaux (qui ont ingéré ces polluants ou microplastiques), et notre consommation d’eau (altération de la qualité, présence de microplastiques).
Disparition de la faune et de la flore
Que ce soit sur terre ou dans l’eau, les déchets perturbent les écosystèmes et la biodiversité. La triste palme d’or revient aux matières plastiques…
La présence de déchets réduit les habitats disponibles et leur dégradation entraîne la libération de polluants: agents pathogènes, métaux lourds, perturbateurs endocriniens, microplastiques, etc. De ce fait, les propriétés des écosystèmes terrestres et marins comme le pH et le manque d’oxygène se voient modifiés, ce qui déséquilibre la biodiversité locale. Par exemple, le sol devient moins fertile ce qui impacte la croissance des végétaux et donc les êtres vivants qui en dépendent.
Dans les milieux marins, les déchets forment des moyens de transport pour la faune et certaines espèces deviennent invasives là où elles n’auraient pas dû être. Aussi, les déchets dans l’eau ressemblent à des proies et les animaux ne font pas la distinction entre une méduse et un sac en plastique. Certaines espèces comme les tortues, les oiseaux marins et les baleines se retrouvent à ingérer des déchets ou à se retrouver prisonniers, ce qui met en péril leur vie.
Notre pouvoir
Vous l’aurez compris à travers les 3 facteurs de la production des déchets évoqués plus haut: nous, citoyens, ne pouvons agir directement que sur nos propres décisions. En changeant nos habitudes, nous pouvons influencer la conception des produits et la gestion des déchets. Et réduire nos déchets, c’est aussi contribuer à limiter le réchauffement climatique, réduire la pollution et protéger la biodiversité. Notre pouvoir est bien réel et il commence avec nos choix au quotidien. Gardez en tête que vous votez avec votre porte-monnaie ;).
Par exemple, imaginons que par un effet boule de neige suite à une sensibilisation collective, tout un département français boude les contenants en plastique jetable et recyclable (emballages, bouteilles…). Que va-t-il se passer? Ce changement de consommation aura des répercussions sur les acteurs de la conception des produits et sur ceux de la gestion des déchets. Les premiers vont devoir s’adapter, ils vont peut-être préférer les bouteilles en verre. Les seconds devront modifier les systèmes de gestion afin de répondre à ces nouvelles habitudes en mettant en place par exemple un système de consignes et des fontaines à travers la ville pour remplir sa gourde.
La réalité
Cela vous paraît utopique? Et si cela existait déjà?
La ville de San Francisco a été la ville pionnière ZD. Son objectif était de parvenir au zéro déchet en 2022. Bien qu’elle ait investi dans des systèmes de recyclage (action sur le troisième facteur), la ville a mis en place de nombreuses initiatives pour encourager le zéro déchet: 3 poubelles pour mieux trier (le compost, le recyclable, le reste), disparition des sacs en plastique et des gobelets en polystyrène, sensibilisation de la population… Aujourd’hui, elle frôle les 100 %. D’ailleurs, pour aller plus loin sur le ZD à San Francisco, on vous conseille l’inspirant documentaire Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Il date de 2015 et il est plus que jamais d’actualité!
En France, la ville de Roubaix a été la pionnière en matière d’initiatives zéro déchet dans une optique d’économie circulaire. Plutôt que de rester dans un modèle économique linéaire qui consiste à extraire les ressources, fabriquer, consommer et jeter, l’économie circulaire selon la ville de Roubaix a pour but de “produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets”. Mais l’adoption de ce modèle économique n’a pas qu’un impact environnemental! En effet, grâce à cette économie vertueuse, des emplois sont créés localement, des nouveaux marchés se développent et des liens sociaux se créent. Pour en savoir plus sur ce modèle économique, consultez le site de l’ADEME.
Bref, ce ne sont que 2 exemples parmi tant d’autres et qui sont plus qu’encourageants pour le futur.
Qu’est-ce que le zéro déchet?
On espère que cette synthèse sur les déchets vous a éclairé! Maintenant que vous avez en tête les enjeux globaux, on vous explique le zéro déchet en détail.
Définition
Le Larousse définit le zéro déchet comme une “démarche visant à diminuer le plus possible la production de déchets, à l’échelle tant individuelle que collective, afin de réduire son impact sur l’environnement et de préserver les ressources naturelles. (L’objectif du zéro déchet implique, pour un individu, de changer ses modes de consommation, en refusant ce qui est inutile [publicités, emballages, produits à usage unique, etc.], en réduisant ses achats et en achetant ses aliments en vrac, en privilégiant les objets durables, réutilisables, réparables et recyclables, et en compostant ce qui peut l’être.)”
L’origine du ZD
Le zéro déchet n’est pas nouveau. Nos ancêtres appliquaient déjà cette philosophie car rien ne se perdait à l’époque! Puis, au fil des décennies avec l’industrialisation, la mondialisation, l’augmentation du pouvoir d’achat et la croissance démographique, les populations ont commencé à consommer plus, posséder plus et produire inévitablement plus de déchets.
À la fin du 20e siècle, la prise de conscience commence à prendre de l’ampleur. En 1996 est créée la première organisation dédiée au zéro déchet aux États-Unis. 1 an plus tard, c’est la naissance du Centre national d’information indépendante sur les déchets (CNIID) qui deviendra Zero Waste France. Il faut attendre 2013 pour que le terme “zéro déchet” soit popularisé. On doit le doit d’ailleurs à Béa Johnson, la papesse du ZD, qui a réussi à ne produire qu’1 litre de déchets sur une année entière! D’autres initiatives ont contribué et contribuent toujours à la diffusion de ce mouvement: les différentes associations nationales (voire locales) Zero Waste, l’augmentation des épiceries de vrac, les conférences et bonnes idées des ambassadeurs (Béa Jonhson bien sûr, Jérémie Pichon et sa famille ZD, ou encore Lauren de Trash is for tossers), etc.
La philosophie du zéro déchet
La philosophie se résume aux 5 R. Ce sont 5 principes faciles à retenir qui résument les actions pour arriver au zéro déchet.
Refuser
Refuser ce qui est inutile, ce qui vient d’une sollicitation externe (paille en plastique, cadeaux gratuits, sacs…).
Réduire
Réduire sa consommation. En voyage, on se limite souvent à un sac à dos ou une valise, le minimalisme est donc de mise. Avant d’acheter quelque chose, posez-vous la question: “Est-ce que j’en ai réellement besoin?”. Bien souvent, on achète quelque chose plus par envie que par réel besoin et on se retrouve avec des objets ou produits qui font double emploi. Quand on est en voyage, on peut réduire ses achats (souvenirs, vêtements), les emballages alimentaires ou non, les objets à usage unique…
Réutiliser ou réparer
Réutiliser/réparer ce qui peut l’être, ce qu’on ne peut ni refuser, ni réduire, ou ce que vous possédez déjà. L’idée est de prolonger la durée de vie des objets que vous auriez peut-être jetés. Votre T-shirt préféré se troue en plein trek? Ne le jetez pas! Si vous passez dans une ville moyenne quelques jours plus tard, vous trouverez des petites mains pour le réparer dans les pressings ou des ateliers. On l’avait évoqué dans la liste du matériel pour un tour du monde, un bon truc est d’avoir sur vous un nécessaire à couture pour parer à tout pépin textile. Je vous rassure, ce n’est pas bien compliqué de réparer un vêtement, les tutos sur le net vous sauveront ;).
Rendre
Rendre à la terre, composter le reste de vos déchets. Je vous l’accorde, en voyage, il est impossible de composter. Toutefois, en mettant déjà en place les 3 premiers R, vous devriez réduire grandement vos déchets lors de vos expéditions. Renseignez-vous auprès de vos hébergements, de plus en plus d’auberges proposent la collecte des déchets organiques.
Recycler
Le recyclage est en bout de chaîne, c’est en dernier recours. Saviez-vous que 41 % de ce que vous jetez toutes poubelles confondues et 67 % des emballages est réellement recyclé? On pourrait penser que ce n’est pas si grave d’avoir une poubelle remplie de cartons ou de plastique recyclable étant donné que tout sera recyclé et donc valorisé. La réalité n’est pas aussi jolie que cela… De plus, les systèmes de tri diffèrent selon les pays et certains ne font pas vraiment la distinction entre les déchets recyclables et les déchets ménagers résiduels… Bref, voyez-le comme la dernière solution car ce n’est pas le recyclage qui fera diminuer la quantité de déchets.
Le matériel essentiel pour un voyage zéro déchet
Après la partie théorique, place à la pratique! Vous lirez dans cette partie qu’appliquer les 5R est plus facile qu’il n’y paraît, et encore plus lorsque vous êtes en tour du monde et n’avez qu’un sac à dos sur le dos! Voici donc notre matériel non exhaustif pour voyager tout en produisant moins de déchets!
Une gourde, filtrante ou non
Ça, c’est la chose la plus facile que vous pouvez mettre en place en voyage. L’eau n’est malheureusement pas potable partout dans le monde et le premier réflexe est d’acheter une bouteille d’eau dès que possible. En Asie du Sud-Est, certains logements mettent même à disposition des voyageurs des petites bouteilles d’eau de 50 cl. Admettons que vous partez 6 mois dans des pays où l’eau du robinet n’est pas potable. À raison d’1,5 l d’eau par personne et par jour, cela équivaut à 540 petites bouteilles d’eau! Avec un système de filtration, ce sont autant de bouteilles en plastique évitées.
De plus, avec une gourde filtrante:
- vous n’êtes plus dépendant des magasins pour boire de l’eau;
- vous faites des économies car l’eau ne vous coûte plus un centime et le prix d’une gourde et d’un filtre est très vite rentabilisé;
- vous pouvez filtrer depuis n’importe quelle source, du moment que l’eau est transparente (non croupie).
Aujourd’hui, les gourdes filtrantes ont fait leurs preuves en matière d’efficacité, d’ergonomie et de praticité. On vous recommande les modèles Katadyn, Lifestraw et Water-to-Go, tous testés et approuvés ;).
Bien sûr, si vous partez dans des pays où l’eau est potable, une simple gourde en inox vous rendra bien des services!
Cet article contient des liens affiliés vers des sites partenaires. En passant par nos liens pour réserver un logement, un véhicule ou une activité, vous ne payez bien évidemment rien de plus, mais par contre nous touchons une petite commission. Cela contribue à nous aider à vous proposer des contenus gratuits, indépendants et sans publicité. Merci pour votre soutien!
Un tote bag ou sac réutilisable
C’est bête mais on ne pense jamais à emporter dans son sac à dos ou sa valise un tote-bag ou un sac solide pour transporter les courses ou l’alimentaire. Plié, il ne prend pas de place et est léger. En avoir un chacun vous évite d’accepter des sacs en plastique ou en kraft. Bref, il faut juste y penser quand vous sortez! Pour aller plus loin, équipez-vous de quelques sacs à vrac. Si vous faites beaucoup de randos et treks en vacances, ils vous seront utiles pour emporter des noix, snacks…
Des couverts et pailles réutilisables
Pour le tour du monde, on avait emporté des couverts pliables, ainsi que des pailles, le tout en acier inoxydable. On utilisait souvent les premiers en randonnée et les secondes dans les bars et restaurants. On les lavait évidemment une fois rentrés. Ils étaient toujours sur nous et ils ont toujours été bien acceptés. Il faut avouer que pour les pailles, les serveurs nous regardaient très souvent avec des grands yeux lorsque nous leur expliquions la démarche. Qui sait, on a peut-être semé une graine dans leur esprit ;)? Pour les couverts, à vous de voir selon votre itinéraire si vous en avez besoin. En Asie du Sud-Est par exemple, les couverts en plastique sont légion sur tous les stands des night markets.
L’assiette ou Tupperware et le gobelet réutilisables
Si vous allez camper, on ne peut que vous conseiller d’emporter une assiette et un gobelet que vous pourrez réutiliser comme bon vous semble. Pour le Tupperware, c’est aussi valable pour des courts séjours que pour un tour du monde. Il en existe de toutes les formes et de toutes les tailles, et même des pliables! En étant à l’extérieur, il vous servira dans les marchés de nuit, sur les stands de street food… Et dans le sac à dos, il peut faire office de rangement supplémentaire, alimentaire (fruits, restes de repas…) ou non.
Une trousse de toilette zéro déchet
Nous avons déjà détaillé la trousse de toilette en voyage et c’est peut-être le deuxième point le plus facile à mettre en place après les gourdes.
Le savon solide
Je pourrais vous parler du savon de Marseille, multifonction, qui fait office de savon pour le corps, shampoing, nettoyage de la vaisselle et j’en passe. Seulement, il n’est pas fait pour tout le monde. Ni ma peau, ni mes cheveux l’ont apprécié. Heureusement, aujourd’hui, il existe beaucoup de savonneries artisanales proposant des savons saponifiés à froid qui sont pour la plupart tout usage. Consultez la carte des savonneries pour trouver l’artisan le plus proche de chez vous! Pour le stockage? Vous devez bien avoir une petite boîte qui traîne quelque part. Autrement, un vieux gant de toilette fait l’affaire ou utilisez un vieux sac de congélation que vous garderez le plus longtemps possible.
Le déodorant solide
Très sceptique au début (je n’étais pas prête à me départir de mon Sanex), cela fait presque 10 ans que je ne jure que par les déodorants solides. DIY ou achetés tout faits, il y en a sous toutes les formes mais ceux qui sont parfaits pour le voyage selon moi, ce sont ceux sous forme de pâte dans une boîte en acier. Alors, oui vous allez y mettre vos doigts (propres) pour appliquer cette sorte de crème sur vos chères aisselles jusqu’à pénétration. En plus, ces déos durent une éternité car il en faut très peu: la taille d’un petit pois suffit.
La brosse à dents
En ce qui concerne la brosse à dents, cela va dépendre de ce que vous avez déjà. Prenons 2 cas de figure où vous avez une brosse à dents électrique ou une brosse à dents manuelle.
Dans le premier cas, vous n’avez que des brossettes à changer. Seulement, si vous prévoyez un tour du monde, ce type de brosse à dents sera peu pratique. Mine de rien, cela fait quand même son poids entre la boîte de rangement, la prise, la brosse en elle-même. Et si vous prévoyez de sortir des sentiers battus ou de faire des treks, vous devrez la porter (encore cette histoire de poids) et penser à la recharger avant. Ça peut être un choix mais selon nous, il vaut peut-être mieux la laisser de côté le temps de ce voyage pour utiliser un modèle plus léger et qui fonctionnera n’importe où et n’importe quand.
Dans le second cas, attendez de finir celle que vous avez déjà avant d’en acquérir une nouvelle. Il existe plein de modèles différents de brosses à dents plus respectueuses de l’environnement. Cela va de la brosse en bambou compostable à celle avec une tête interchangeable, voire les 2. Pour choisir celle qui vous convient le mieux et qui a un impact moindre, on vous invite à lire ce comparatif. Pour ce qui est de changer en cours de route, essayez de trouver un magasin bio ou de vrac sur votre route. Regardez même dans les grandes surfaces, on a eu la surprise d’en trouver dans un supermarché en Océanie!
Le dentifrice
À l’instar des savons et déodorants, il existe des dentifrices solides DIY ou tout prêts. À vous de voir si vous avez envie de faire votre propre popote avant le départ ou de faire confiance à des produits qui ont fait leurs preuves :). Je n’ai pas de recette particulière à partager, vous en trouverez des centaines sur le net! Si vous avez des problèmes bucco-dentaires, on vous suggère d’en toucher un mot avec votre dentiste préféré.
La crème solaire
Encore difficile à trouver en ZD, il existe néanmoins des crèmes solaires alternatives. Mais pourquoi ne pas garder sa crème solaire basique? Alors, peut-être avez-vous entendu parler des ravages de certains composés sur les coraux?! Certains endroits du globe ont même banni la vente et l’import de certaines crèmes solaires! En plus d’abîmer les milieux aquatiques, la plupart des crèmes solaires contiennent des actifs qui font débat sur leur dangerosité pour notre santé. Conservateurs, huiles minérales, parabènes, filtres chimiques… Certains sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ou cancérogènes.
Perso, dans le doute, je préfère éviter! Avant de partir, emportez une crème solaire saine pour vous et pour l’environnement. J’avais même emporté un second tube dans le sac à dos car avec une peau ultrasensible, je ne pouvais pas me permettre de tester des crèmes à l’autre bout du monde… Sinon, de façon plus radicale, portez un chapeau et des habits longs et amples lorsque vous vous exposez!
L’oriculi
Je ne vais sans doute pas me faire des amis sur ce coup-là… Oricu-quoi? Oriculi! Non non, point d’instrument de torture avec un nom pareil mais bien un instrument durable alternatif aux cotons-tiges. Finis les bâtonnets jetables en plastique (qui sont d’ailleurs interdits en France depuis 2020) avec un double embout en coton qui pousse le cérumen au fond des conduits auditifs. L’oriculi peut être en bois, en inox ou silicone et l’idée est d’enlever le cérumen au bord de votre conduit auditif. Après utilisation, vous rincez puis séchez l’instrument et le tour est joué. Je n’ai essayé que celui en bois mais il existe d’autres modèles. En bonus: il se fait tout petit dans une trousse de toilette.
La cup menstruelle
Nous avons déjà parlé des règles en voyage et des choix qui s’offrent à nous en matière de protections lorsque les Anglais débarquent en pleine vadrouille. Aujourd’hui, il existe plein de moyens alternatifs pour gérer les menstruations. Selon moi, le combo cup (ou disque menstruel) et serviettes hygiéniques lavables restent un bon compromis pour générer moins de déchets que les tampons et les serviettes jetables.
Les cotons démaquillants en tissu
Plutôt que d’emporter avec vous des cotons démaquillants qu’il faudra peut-être racheter sur la route, adoptez des disques réutilisables tout doux! Vous en trouverez dans les magasins spécialisés en ZD ou sur Etsy. Une fois utilisés, glissez-les avec le linge sale pour la prochaine lessive.
Les mouchoirs en tissu
Je vous vois venir: “Beurk! Les mouchoirs en tissu ne sont pas hygiéniques, ils restent mouillés, c’est pas pratique…”. Alors, contrairement aux idées reçues, un mouchoir en tissu n’est pas moins hygiénique qu’un mouchoir en papier, cela dépend du contexte. Si vous avez un rhume, vous jetez bien votre mouchoir en papier dans une poubelle, non? C’est la même chose avec les mouchoirs en tissu au final. Une fois utilisés (et encore plus si vous êtes malade), vous le mettez de côté pour l’intégrer dans votre prochaine lessive. N’oubliez pas de vous laver les mains ou d’utiliser une solution hydroalcoolique si vous êtes en pleine cambrousse et ça, c’est valable pour la team papier et la team tissu ;).
En récupérant ceux de vos grands-parents voire de vos parents, cela ne vous coûte rien, vous ne produisez pas de déchets étant donné que vous les avez récupérés, ils sont bien moins irritants pour le nez et chose importante, vous aurez la classe avec vos mouchoirs colorés ;).
L’électronique
On n’y pense pas forcément mais le numérique a un réel impact sur l’environnement. Vous avez décidé d’investir dans une liseuse ou un bon appareil photo pour capturer vos aventures? Avant de regarder du côté du neuf, regardez si ce que vous souhaitez existe en reconditionné (comme sur Backmarket par exemple) ou d’occasion (Leboncoin, eBay, Marketplace…). En plus, c’est bon pour votre porte-monnaie!
Conseils pratiques et réflexes pour réduire les déchets en voyage
Nourriture
Pour vos repas en extérieur, refusez tout ce qui ne vous servira pas. On pense aux sacs plastiques des marchés de nuit en Asie du Sud-Est ou les 10 serviettes en papier que l’on vous tend sur un stand de street food. On en a parlé plus haut mais si votre boisson se déguste sans paille, précisez lors de votre commande que vous n’en souhaitez pas. Et si vous aimez vraiment boire avec une paille, emportez avec vous une paille réutilisable en inox, elle vous servira pour toute la vie et ne prend pas de place ;)!
De plus en plus de restaurants (souvent végétariens voire vegan) se mettent au zéro déchet, renseignez-vous auprès des locaux ou cherchez sur Maps. Pour faire vos courses, préférez aussi les marchés, les épiceries et les magasins bio/de vrac plutôt que les supermarchés. Vous y trouverez plus de produits frais et moins d’emballages. Pour cela, utilisez sur Maps les termes “bulk” (vrac), “organic store” ou “farmer’s market”. Vous pouvez aussi vous servir de l’application Zero Waste Home pour localiser les boutiques qui vendent du vrac. Dans les 2 cas, c’est l’occasion de se régaler avec les produits locaux tout en faisant un petit geste pour la planète (moins de transports pour les aliments, moins d’emballages…).
Hygiène et santé
Nous l’avons déjà évoqué dans la santé en tour du monde, la trousse de toilette a aussi son lot de déchets. En plus d’appliquer la petite liste évoquée ci-dessus, voici quelques conseils pour réduire vos déchets tout au long de votre voyage:
- Si vous êtes en mode backpacker où la place dans le sac à dos compte, pour renouveler vos stocks de produits d’hygiène, cherchez sur Maps des magasins bio autour de vous ou utilisez l’app qui recense les magasins de vrac à travers le monde. Où que vous soyez, ils proposeront à coup sûr des produits en vrac (comme des savons solides) et/ou naturels. Pour des produits plus spécifiques, une recherche sur le web devrait vous donner quelques pistes. Pour la petite anecdote, j’ai envoyé sans conviction un mail à une Néo-Zélandaise qui fait son savon pour le plaisir et elle nous les a ramenés sans nous faire payer quoi que ce soit tellement elle était contente de nous faire découvrir ses produits! Comme quoi :).
- Lorsque vous dormez à l’hôtel ou dans des auberges de jeunesse, vous avez souvent des petits savons et shampoings emballés. Servez-vous en seulement si vous n’avez pas de savons à main. Le truc, c’est de l’emporter avec vous lorsque vous quittez le logement. Si vous l’utilisez et le laissez, le personnel de ménage le jettera à la poubelle. Au moins, dans votre sac, il vous servira de prochain savon à main pour le reste du séjour et vous pourrez même l’utiliser pour vos lessives à la main, ça fonctionne très bien! Ainsi, vous n’aurez pas besoin des prochaines savonnettes qui resteront intactes et éviterez d’autres déchets.
- Bien que les établissements le fassent de moins en moins, assurez-vous que vos draps et serviettes ne soient pas changés chaque jour si vous séjournez longtemps à un endroit.
Transports
On a parlé des déchets ménagers et du ZD en voyage mais on doit quand même vous parler des modes de transport. Nous n’allons pas vous jeter la première pierre si vous avez pris l’avion pour voyager. Après avoir fait un tour du monde avec plusieurs vols à la clé, ce serait bien hypocrite.
Il existe bien souvent des moyens de transport alternatifs à l’avion, avec une empreinte carbone moins importante. Aussi, gardez en tête que ce n’est pas la destination qui est importante mais bien le voyage! On a tellement plus d’anecdotes à raconter sur des voyages en bus ou en train que dans les avions. Si vous planifiez un voyage au long cours, on vous conseille notre article sur les facteurs influençant l’itinéraire. On y évoque le slow travel et les tours du monde sans avion (oui, c’est possible!), un bon moyen de profiter de l’instant présent tout en respectant plus la planète.
Logements
Dans cette catégorie, on ne peut pas être zéro déchet à proprement parler mais on peut faire attention à son choix de logement pour réduire son impact environnemental. En France, les hébergements écoresponsables se développent de plus en plus et il est facile de les retrouver sur plusieurs plateformes spécialisées comme GreenGo, la plus connue.
Pour trouver des logements écoresponsables à l’étranger, c’est un peu plus compliqué. Il y a bien sûr Booking, leader mondial sur l’hébergement qui avait mis en place un score de durabilité. Désormais, suite à l’intervention de l’Autorité néerlandaise des consommateurs et des marchés, les établissements obtiennent une certification tierce, délivrées par un organisme extérieur. En scrollant sur la page des hôtels, vous trouverez la mention “certificat durable”.
Pour encourager les petites entreprises plus locales, on a découvert Vaolo, une plateforme qui recense les hébergements qui ont un impact environnemental mais aussi social! Bref, on ne peut qu’approuver la mission de cette entreprise québécoise!
Conclusion
On espère que cet article vous aura éclairé sur le zéro déchet en voyage. Tous ces conseils s’appliquent aussi à la vie quotidienne et une fois ces habitudes prises en voyage, vous les appliquerez facilement à votre retour, ou inversement si vous avez déjà des habitudes ancrées dans votre quotidien. Alors, êtes-vous prêt à changer vos habitudes de consommation?
Enfin, cet article n’a pas pour but d’être moralisateur. L’idée est d’éveiller les consciences et de donner des pistes de réflexion. La perfection en zéro déchet n’existe pas et j’ai mis du temps à le comprendre ;). Le but est que chacun puisse faire ce qu’il peut: chaque petit geste compte! Pour aller plus loin, on vous conseille l’interview inspirante de Louise qui a réalisé un tour du monde de 8 mois en ne produisant que 2,6 kilos de déchets!
Épingler cet article
Pimente la discussion