Le chemin des crêtes du Jura: pourquoi avons-nous choisi cet itinéraire?

Vendredi dernier nous sommes revenus de notre première "grande randonnée" de l'année. Il y a près de 3 semaines nous avons en effet décidé de nous lancer sur le chemin des Crêtes du Jura suisse, un itinéraire de plus de 300km ralliant Dielsdorf dans le canton de Zurich à Nyon dans le canton de Vaud.

Dans les prochains articles nous vous parlerons très certainement plus en détail de notre parcours ainsi que de nos coups de cœur par région. Mais avant cela on s'est dit qu'il pourrait être intéressant qu'on vous en dise un peu davantage sur nos motivations à partir arpenter les sentiers de randonnées du Jura suisse.

Le chemin des crêtes du Jura, Présentation de l'itinéraire

Avant de passer à nos motivations on s'est dit qu'une petite présentation de l'itinéraire afin que vous puissiez situer la balade serait la bienvenue. Pas d'inquiétude, on vous reparlera du tracé et du matériel plus en détail, mais voici déjà l'itinéraire des crêtes du Jura dans les grandes lignes.

• Ville de départ: Dielsdorf, ZH
• Arrivée: Nyon, VD
• Distance: environ 320km
• Dénivelé: environ 14'000m (en D+ ainsi qu'en D-)
• Nombre de cantons traversés: 7
• Étapes officielles: 16

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Carte de la randonnée des crêtes du Jura:

Vidéos de notre randonnée sur la Via Jura

Ci-dessous vous trouverez une playlist de toutes nos vidéos. La première est la vidéo "finale" avec l'ensemble du parcours tandis que les suivantes sont des montages de nos stories instagram. Moins bien "montées" ces vidéos sont plus pensées pour vous montrer un aperçu de notre quotidien sur la randonnée. Bon visionnage 😉

Les raisons qui nous ont poussées à choisir cet itinéraire de randonnée:

Des raisons qui nous poussent à partir randonner il n'en faut en général pas beaucoup 😉 . Mais pourquoi avoir choisi cet itinéraire en particulier? On vous donne quelques éléments de réponse.

Une forte envie de rechausser nos chaussures pour une rando en itinérance

Premier point et pas des moindre: nos jambes nous démangeaient sérieusement après ces presque 2 mois à la maison. Avant tous ces chamboulements, notre plan était de retourner en Bretagne au printemps pour suivre un bout du GR34 (pour fêter mes 34 ans de cette année). Fermeture des frontière oblige, nous avons commencé à réfléchir à une alternative. Nous voulions vraiment repartir sur une randonnée en itinérance et non des randos à la journée (il y a un je ne sais quoi dans la dynamique de ces grands tracés qui nous enivre). Ayant déjà parcouru la Via Alpina en 2017, il nous a tout de suite paru logique de suivre un autre itinéraire national qui traverse le pays.

Les crêtes du Jura sont parfaites au printemps

La Suisse est très connue pour ses montagnes et ses Alpes, et nombreux sont ceux qui nous ont déjà posé des questions sur la Via Alpina en cette fin de confinement (qui devraient avoir trouvé réponse dans notre tout nouveau guide sur la Via Alpina). Mais le truc qu'il faut savoir c'est qu'aussi belles soient nos montagnes, elles ne sont de loin pas encore toutes accessibles au printemps. Nombreux sont les cols qui sont encore recouverts de neige au mois de mai et il est vraiment difficile de planifier un itinéraire qui monte au-delà de 2000m en cette période.

A ce niveau là, les crêtes du Jura sont parfaites! Le point culminant de notre itinéraire était le Mont Tendre avec ses 1679m (suivi de près par la Dôle et ses 1677m). Avec le printemps relativement chaud que nous avons eu, nous savions avant notre départ que la neige ne serait pas un souci sur cet itinéraire.

Un itinéraire hors des sentiers battus

Le second point qui a fait pencher la balance pour cet itinéraire plutôt qu'un autre c'est son côté un peu "sauvage". Oui, le Jura est connu, mais franchement relativement peu de personnes y vont. Alors oui, il y a bien le Creux du Van (lire notre article sur le Creux du Van) ou encore le Chasseral (lire notre article sur le Chasseral) sur le parcours qui sont des lieux d'excursions prisés, mais au-delà de ces quelques "stars des crêtes" nous étions à peu près certains de croiser plus de vaches que de randonneurs (point qui se sera largement vérifié). 😉

Rien de tel que la randonnée pour pratiquer la distanciation sociale

En cette période un peu étrange où l'expression "distanciation sociale" est encore sur toutes les lèvres, la randonnée est très probablement l'une des activités qui se prête le mieux à cette nouvelle pratique. La Suisse est un pays relativement densément peuplé et on ne sera jamais "vraiment seul" à randonner, mais par contre c'est une activité où il est furieusement aisé de garder ses distances. Nous avons été très agréablement surpris de voir les efforts réalisés par bon nombre de restaurants de montagne ou même des petits alpages. D'un côté il y avait ceux qui avaient ouverts mais qui avaient mis en place des protections (plexiglas, parois, bâches et j'en passe). On a également trouvé marrant de constater à quel point les paiements sans espèces se sont rapidement imposés même dans des coins plus reculés! Je ne compte pas le nombre de café ou de tartes que nous avons payé en sans contact ou via Twint ces dernières semaines.

D'autres établissement (généralement des plus petits) ont préféré garder leur portes closes, mais plusieurs ont opté pour des modèles de self-service de leur produits. Un excellent compromis qui leur permettait de continuer à étancher la soif des randonneurs de passage tout en limitant les investissements et les contacts.

Un moyen de visiter la Suisse pour pas trop cher

Depuis de quelques semaines, les offices du tourisme suisses redoublent d'effort pour faire "rester les gens en Suisse cet été". Même notre cher Suisse Tourisme a lancé une campagne intitulée "J'ai besoin de Suisse". Une campagne qui nous parle et qu'on apprécie même si, soyons honnête, notre office national était bien content de miser davantage sur les pays asiatiques et du Moyen-Orient ces dernières années... Ma fois, la crise aura au moins eu le mérite de rediriger un peu le marketing sur ce qui nous semble être une évidence pour un tourisme à long terme, un tourisme de proximité et nature!

Dans les médias, les commentaires qu'on voit souvent c'est "oui mais bon, la Suisse c'est cher! Ça me coûte moins cher d'aller ailleurs".  Alors à cette réplique j'ai envie de dire oui mais non... Bien évidemment nos hôtels sont chers (très chers même pour celui qui aime les petites bulles (tant dans son verre que dans la baignoire)) et la note d'un restaurant sera souvent bien plus salée par chez nous que dans les pays voisins. Mais paradoxalement, dans leur campagne, même Suisse Tourisme semble miser sur l'accès à la nature (gratuit) et les activités de plein air. Il est d'ailleurs marrant de constater que même le bivouac a réussi à se faire une place dans leur clip officiel (à 0:23) alors que normalement on voit plutôt des beaux hôtels avec spa. 😉

Pour nous, ce mode de voyage "économique" n'est rien de nouveau. Voyager à pied, dormir dans des logements simples ou en camping, manger des pique-niques et s'offrir une part de tarte ou une bonne croûte au fromage dans un alpage est une expérience magique et promis, cela ne plombera pas le budget.

Selon l'OFSP (notre office de la statistique), un suisse dépense en moyenne entre 140 CHF et 230 CHF par jour de voyage en Suisse (selon s'il loge à l'hôtel ou chez un proche ou un logement alternatif). Comme à notre habitude, on publiera d'ici peu notre budget détaillé suite à la randonnée, mais je peux d'ores et déjà vous dire que notre budget quotidien sur les Crêtes du Jura se situe bien en-dessous de ce montant. 😉 Si vous voulez vous faire une idée, vous pouvez déjà aller jeter un oeil au budget de notre Via Alpina paru il y a 3 ans, les Crêtes du Jura seront à priori dans le même ordre d'idée.

Les difficultés de la Via Jura

On ne va pas se mentir, après avoir réalisé la Via Alpina, je me suis posée bien moins de questions pour ce second itinéraire. D'une part je suis en meilleure forme aujourd'hui qu'il y a 3 ans, mais surtout les dénivelés "paraissaient" quand même bien moins impressionnants.

Petite note à ce sujet: Les dénivelés "piquent" certes un peu moins, mais n'allez pas croire que cet itinéraire est presque plat. 😉 Y a quand même quelque chose comme presque 900m de D+ et D- de moyenne par jour.

Bref, malgré un départ qui s'annonçait "plus facile" nous avions quand-même 2-3 points sur lesquels nous avions quelques doutes.

Trouver de l'eau sur les chemins de crêtes

Ceci était notre grand point d'interrogation sur cette rando! En observant les cartes topographiques on a rapidement réalisé que sur les Crêtes du Jura les cours d'eau ne sont pas légions. Les villages sont relativement espacés et on ne savait, à vrai dire, pas trop si on pourrait facilement prendre de l'eau dans les alpages ou s'il allait y avoir beaucoup de fontaines. Alors après avoir effectué le parcours on aurait envie de vous dire que c'est "OK" mais mine de rien, ceci est un point sur lequel il vaut mieux être prévoyant. Pour certaines étapes (notamment quand on prévoyait de bivouaquer) il nous est arrivé de porter jusqu'à 6 litres d'eau (pour les 2), mais de manière générale nous nous en sortions bien en portant entre 2 et 3 litres.

Par contre nous étions contents d'avoir des gourdes filtrantes. Cela nous a permis de prendre de l'eau absolument partout où nous en trouvions sans nous poser de question. En Suisse, nombreuses sont les fontaines qui portent une indication "Eau non potable". Ce message reste très théorique dans le sens où "non potable" en Suisse signifie en général plutôt "eau non contrôlée". Dans une grande majorité des cas elle sera tout de même potable... Mais bon, dans le doute, mieux vaut la passer par le filtre.

Relativement peu d'options de logement et de ravitaillement

Si on regarde l'itinéraire sur Suisse Mobile on constate que l'itinéraire est fait de manière à pouvoir le faire sans tente. Après, si on y regarde de plus près on constate assez rapidement que les étapes ne sont vraiment pas très proportionnelles; certaines sont excessivement longues tandis que d'autres sont bouclées en 4h de marche. Le choix de ces étapes officielles n'a sûrement pas été pris pour faire des suspens à vos cuisses, mais bien parce que les logements ne sont pas super nombreux.

Pour notre part il était évident que nous allions prendre notre tente. Cela nous a permis d'avancer à notre rythme sans trop avoir à nous soucier des logements (même si avec la météo capricieuse de la deuxième moitié de parcours il aura quand même fallu qu'on cale quelques étapes sur les logements).

Le second point (qui est lié aux villages aussi) est le ravitaillement. Sur la Via Alpina on passait par des villages de montagne au max tous les 1-2  jours et il était donc assez facile de prévoir ses courses. Sur la Via Jura on ne croise "officiellement" que 6 supermarchés sur l'itinéraire avec une répartition assez inégale. Par exemple, entre Balsthal (km 82) et Sainte-Croix (km 214) on ne passe aucun supermarché! Il y a bien quelques alpages qui vendent des oeufs et du fromage mais c'est coton de se constituer une alimentation équilibrée avec que ça! Cela nous a forcé à faire quelques petits crochets, notamment à Frinvillier où nous avons fait un détour de quelques kilomètres pour aller nous ravitailler à Bienne. Bref, le ravitaillement est aussi un point à prendre en compte et à ne pas négliger dans ses préparatifs. Mais pas d'inquiétude, nous ne sommes pas morts de faim (loin de là même).

Alternative : Grande traversée du Jura avec Allibert Trekking

Si c'est plutôt le côté français du Jura qui vous tente et surtout si vous préférez avoir une forme d'encadrement et d'organisation, on vous conseille de regarder sur le site d'Allibert Trekking. Pour bons nombre de randonnées ils proposent ce qui s'appellent les formules "Liberté". En gros Allibert s'occupe des réservation des logements et du transports des bagages (selon les possibilités) ce qui permet de partir randonner beaucoup plus léger et sans se soucier de la planification.

Pour vous donner un ordre d'idée du budget, les tarifs commencent à 590€ pour 5 jours (logements + repas du soir + petits déjeuner + transport des bagages et roadbook). Un tarif qu'on trouve très raisonnable pour les prestations.

Voir sur le site d'Allibert Trekking

Premier bilan à chaud après avoir marché les 320km de la Via Jura

Nous sommes rentrés depuis vendredi et le moins que l'on puisse dire c'est que nous sommes ravis de ces deux dernières semaines. Le parcours nous a bien plu et surtout nous avons pu profiter d'une météo incroyable sur les 8 premiers jours de marche (pas un seul nuage à l'horizon). Par contre, la seconde partie du parcours aura été bien plus "humide" malheureusement. On regrette un peu de n'avoir qu'entre-aperçu le Mont-Blanc à quelques rares moments. Théoriquement, cette montagne est un peu la star de la 2ème moitié du parcours car on la voit presque tout le long. Mais bon...

Les choses qu'on a le plus aimées:

• Les paysages sont très variés: des jolis villages, des pâturages, de la forêt... y en a pour tous les goûts
• Par temps dégagé la vue sur les différents lacs et la chaîne des Alpes est tout simplement spectaculaire!

• Les supers métairies, auberges de montagne, gîte, fermes, etc... Un accueil toujours ultra chaleureux et de bons petits plats!
• Le balisage est absolument irréprochable! On avait le tracé sur notre téléphone au cas où, mais franchement les panneaux et les marquages sont partout. Impossible de se perdre (même pour nous). 😉
• Peu de monde sur les sentiers
• Les nombreux animaux croisés (surtout des chamois). De plus au printemps la végétation est absolument superbe... On s'est régalé niveau belles fleur (un peu moins avec le rhume des foins, mais c'est un détail) 😉

Les petits points un peu moins top:

• La météo de la deuxième partie du parcours (pas la faute du tracé en soi, mais disons qu'on aurait préféré avoir moins de brouillard) 😉
• Comparé à la Via Alpina, le chemin des crêtes du Jura suit pas mal de pistes et de routes agricoles. Ce n'est de loin pas la majorité du tracé mais disons qu'on a trouvé qu'il y en avait quand-même pas mal (et ça fait mal aux pattes les kilomètres sur le bitume ou les routes en terre)
• Les défis logistiques (eau et ravitaillement). Ça passe, mais cela demande un peu d'organisation.

On espère que ce premier article sur le chemin des crêtes vous a plu et surtout qu'il vous donnera envie de vous lancer à votre tour sur tout ou partie de l'itinéraire. Si vous avez des questions en particulier n'hésitez pas à nous laisser un commentaire. Nous essaierons de répondre à un max de vos questions dans les articles à venir.

A très vite pour la suite de nos aventures sur les sentiers de randos du jura suisse!

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