Mes parents et quelques amis à eux partent en moyenne une fois par année randonner avec un guide de montagne qu’ils connaissent (Yvan Bender)… Ça leur permet de partir faire des jolis tours de rando, un peu plus engagés, sans avoir à se soucier de l’itinéraire et de la sécurité (vu qu’ils sont accompagnés d’un guide de montagne professionnel).
Cette année, ils partaient faire une version du Barrhorn (3610m) que je n’avais pas encore testée (j’étais monté du côté “facile” en aller-retour depuis la cabane de Tourtemagne)… De leur côté, ils avaient prévu de partir du village de St-Nicolas dans la vallée de Zermatt, dormir à la cabane de Topali en passant par le Wasulicke, monter jusqu’au Barrhorn en passant par le Schöllijoch pour redescendre de l’autre côté à la cabane de Tourtemagne… un itinéraire qui m’a tout de suite donné envie!
Du coup avec ma sœur on a profité de l’occasion pour se joindre à leur groupe… d’autant plus qu’on n’a pas souvent l’occasion de partir 3 jours randonner au milieu des 4000m valaisans avec nos parents.
Attention, si vous vous voulez faire cet itinéraire sans guide professionnel, sachez qu’il y a des passages techniques qui nécessitent d’avoir le pied sûr et l’expérience de ce genre de terrain. Le passage de la Wasulicke est côté T4 et celui du Schöllijoch est côté T5 et s’apparente plus à une petit Via Ferrata qu’à un sentier (d’ailleurs je vous recommande d’avoir un baudrier avec les longes de via ferrata et un casque pour ce passage… mais vous pourrez juger par vous-même en voyant les photos plus bas).
Si vous ne connaissez pas l’échelle de difficulté des randonnées du CAS, je vous conseille de jeter un œil au document ci-dessous:
- De St-Nicolas à Jungen avec un vieux télécabine
- Montée de Jungen au col de Wasulicke (3113m)
- Du Wasulicke à la cabane de Topali (2674m)
- De la cabane de Topali au Schöllijoch (3342m)
- Du Schöllijoch au sommet du Barrhorn (3610m)
- De la cabane de Tourtemagne à Gruben en passant par le Meidhorn (2875m)
- Carte de la randonnée
De St-Nicolas à Jungen avec un vieux télécabine
Le village de St-Nicolas se trouve dans le haut Valais et plus précisément dans la vallée bien connue qui débouche sur le village de Zermatt et son fameux Cervin. Comme St-Nicholas est facilement accessible en train, on s’est tous retrouvé à la gare de Martigny ou de Viège pour faire le trajet ensemble.
Une fois arrivés au village, on se dirige vers le vieux télécabine de “Jungenbahn” qui monte jusqu’à l’alpage de Jungen et qui nous permettra d’économiser un bon 900m de montée.
Ce télécabine est carrément folklo! Il n’y a que 2 cabines (une en haut, une en bas) et il ne peut pas y avoir plus de 4 passagers en même temps. Ce qui veut dire que pour un groupe de 10 personnes comme nous il aura fallu 3 cabines et une bonne demi-heure (chaque trajet dure environ 10 minutes) pour que tout le monde arrive en haut 😉
Mais franchement c’est une expérience à vivre! La montée est vraiment impressionnante… on est comme suspendu au-dessus de la vallée de Zermatt avec la vue sur les Mischabel et le massif du Mont Rose! On a connu pire comme panorama!
Pour les horaires de train, il vous suffit d’aller sur le site des cff et pour le télécabine Jungenbahn, un ticket coûte 12chfs par personne et toutes les infos sont sur ce site.
Montée de Jungen au col de Wasulicke (3113m)
Il est temps d’attaquer les choses sérieuses et d’entamer la montée vers la principale difficulté de la journée: le Wasulicke. Même si la cabine nous a fait gagner un peu de dénivelé, il nous reste quand même plus de 1000m à monter jusqu’au col. Mais la météo est au beau fixe, l’ambiance est top et on se met en route dans la bonne humeur.
La 1ère partie de la montée dans le Jungtal (vallée de Jung) se fait sur un sentier facile et bien balisé. Derrière nous on laisse le hameau de Jungu pour monter dans les pâturages jusqu’à l’alpage de Jungtal.
Note: mention spéciale pour le magnifique sac à dos de ma maraine (2ème photo ci-dessous) qui est plus vieux que moi et qui a un style incomparable… j’adore!
Au fil de la montée, le terrain devient de plus en plus minéral, entre pierrier et moraine. Pas de grosse difficulté pour le moment mais on doit quand même faire un peu plus attention où on met les pieds. Vers 2800m, on atteint une zone plus plate avec un petit lac et on s’offre une petite pause avant d’attaquer la dernière partie de la montée qui est aussi la plus difficile!
Comme souvent en montagne, on voit où est le col devant nous mais on se demande bien par où le chemin va passer pour nous amener là-haut 😉 . Je vais être honnête, cette dernière partie jusqu’au Wasulicke n’est pas une promenade de santé! Ca monte raide dans la caillasse et plusieurs passages un peu exposés sont équipés de mains courantes ou de cordes pour s’aider. Si vous avez le pied sûr, ce passage ne pose pas de problème… mais si vous avez le vertige, il vaut mieux vous abstenir.
Plutôt que vous faire de belles théories, voici quelques photos pour vous donner une idée. Ce passage est balisé en blanc-rouge-blanc (chemin de randonnée de montagne) et est côté T4 sur le site du CAS. Mais je dois avouer que j’ai déjà fait des passages balisés en bleu qui étaient plus faciles… Alors disons que ce sentier est un rouge exigeant 😉
Le passage du Wasulicke se trouve quand même à 3113m et offre vraiment un panorama alpin magnifique sur les sommets à plus de 4000m aux alentours. L’effort en valait la chandelle! De l’autre côté, on a une vue imprenable sur les Mischabel (Nadelhorn 4327, Dom 4546m, Täschhorn 4491m) et au loin on voit déjà la cabane de Topali avec le massif du Mont Rose (4634m) en toile de fond. ça valait bien une petite photo souvenir non?
Du Wasulicke à la cabane de Topali (2674m)
Il ne nous reste “plus qu’à” redescendre 3,5kms jusqu’à la cabane de Topali depuis le col. Le sentier est plus facile de ce côté là et si vous êtes arrivé en haut de l’autre côté, vous n’aurez aucun problème à passer par là.
Ce sentier en balcon est vraiment magnifique! On traverse plusieurs petits vallons et au fil de la descente on voit le Barrhorn et le glacier de Stelli qui se révèle à notre droite. Depuis ce côté, on se demande bien comment on va atteindre son sommet le lendemain tellement cette face de la montagne est abrupte.
Enfin après 1h30/2h de marche depuis le Wasulicke, on arrive à la cabane de Topali. Située sur une arrête au pied du Barrhorn, elle offre une vue exceptionnelle sur la vallée de Zermatt et les sommets environnants. Comme le réfectoire de la cabane a une magnifique baie vitrée, on a pu profiter du panorama au chaud dans la cabane avec une bonne bière à la main. #Whatelse 😉
- Distance: environ 11kms depuis le sommet du télécabine
- Dénivelé: environ 1200m d+ pour 500m de d-
- Durée: 6-7h de marche
- Difficulté: T4 sur l’échelle du CAS. Je vous laisse jeter un œil à ce document si vous ne connaissez pas l’échelle de difficulté de rando du CAS
- Liens utiles: la nuit avec la demi pension à la cabane de Topali coûte 74chfs. Vous trouverez toutes les infos sur le site de la cabane.
De la cabane de Topali au Schöllijoch (3342m)
On avait déjà remarqué en arrivant à la cabane la veille que les indications pour la suite du programme changeaient de couleur pour passer au bleu… ce qui veut dire qu’on passe sur un itinéraire alpin plus exigeant. Mais bon, c’est l’avantage de faire la randonnée avec un guide de montagne professionnel, c’est qu’on n’a pas à s’occuper des questions de sécurité et qu’il peut nous assurer en cas de besoin.
Comme la météo ne s’annonçait pas des plus glorieuse pour l’après-midi, on décolle de la cabane de bon matin. Les couleurs sur les sommets environnants sont magnifiques avec le soleil qui pointe doucement le bout de son nez.
La 1ère partie de la montée ne représente pas de difficulté particulière. On monte sur un joli sentier qui offre une belle vue sur le Brunegghorn et le glacier d’Abberg. Comme souvent de bon matin, on a la chance de voir au loin quelques bouquetins qui sont bien plus dans leur élément que nous 😉
On continue à monter sur la moraine et bientôt on arrive sur le glacier de Schölli… Ce dernier est plat, avec très peu de crevasses et se traverse facilement à pieds sans équipement particulier. Par contre la météo est en train de tourner et il se met à pleuvoir un peu… pas de bol puisqu’on arrive justement au passage du Schöllijoch.
Le Schöllijoch c’est le passage difficile de cette journée (T5 sur l’échelle du CAS)! Il est composé d’abord d’une grande échelle puis d’une sorte de Via Ferrata qui permettent de gravir les 80 derniers mètres jusqu’au col. En ce qui nous concerne, après un été particulièrement chaud (on a fait cette rando fin août), il n’y avait plus de neige pour accéder au bas de l’échelle. Il a fallu se hisser sur la glace jusqu’au bas de l’échelle à l’aide d’une corde qui était fixée à cet effet (photo 1 ci-dessous). Une opération pas forcément évidente pour tout le monde même si nous étions assurés par notre guide.
Ajoutez à cela le risque de chutes de pierres au fond de ce passage (il vaut mieux attendre un peu plus bas sur le glacier s’il y a du monde dans le passage)… et vous comprendrez pourquoi le Schöllijoch n’est pas forcément pour tout le monde.
Pour les gens qui ont l’habitude de ce genre de passage équipés de cordes et échelons, cela ne pose pas forcément de problème (d’ailleurs un groupe avant nous est passé là sans équipement particulier). Mais en ce qui me concerne, je me sentirai à l’aise de passer le Schöllijoch sans guide uniquement avec l’équipement de Via Ferrata et un casque. Mais pour des personnes comme mes parents, ils ne seraient jamais passés ce passage sans l’aide et la sécurité de notre guide de montagne.
Voici quelques photos pour vous donner une idée… personne sujettes au vertige, s’abstenir (vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir):
Du Schöllijoch au sommet du Barrhorn (3610m)
Après les émotions du Schöllijoch, on s’est divisé en 2 groupes pour la suite du programme. Un groupe qui avait eu sa dose d’adrénaline et qui a préféré descendre directement à la cabane de Tourtemagne. Un 2ème groupe (dont je faisais partie) qui a quand même voulu monter jusqu’au sommet du Barrhorn malgré la météo un peu mitigée.
Depuis le Schöllijoch, il ne reste plus que 300m de montée sur un sentier assez facile jusqu’au sommet du Barrhorn. Le chemin passe d’abord en-dessous du “Inners Barrhorn”. Derrière nous, la vue sur le glacier de Brunegg, le Bishorn (4151m) et le Weisshorn (4505m) est impressionnante. Devant nous, on voit encore le sommet du Barrhorn même si les nuages nous ratrappent dangereusement.
On arrive d’abord à un petit col entre l’Inners et l’Üssers Barrhorn. Au bord de la falaise on a une vue impressionnante sur le glacier de Stelli 300m plus bas! Puis on attaque la dernière montée mais on se fait malheureusement reprendre par les nuages juste avant d’atteindre le sommet… Bon, même si on n’a pas eu la vue, on a quand même la belle satisfaction d’avoir atteint le sommet du Barrhorn! On prend une petit photo à côté de la croix sommitale et on se remet rapidement en route vers la cabane.
Et si vous voulez voir des photos par beau temps au sommet du Barrhorn, je vous recommande de jeter un œil à l’article que j’avais écrit lorsque j’étais monté depuis la cabane de Tourtemagne:
Depuis le sommet il ne nous reste “plus que” 4,5 kms et 1100m de descente jusqu’à la cabane de Tourtemagne. Aucune difficulté particulière à signaler sur ce passage si ce n’est le couloir de Gässi (T3) juste avant d’arriver à la cabane (mais qui se fait les doigts dans le nez si vous êtes monté le Schöllijoch 😉 )
On finira la journée avec une bonne bière bien méritée à la cabane, qui dispose aussi d’une vue plutôt sympa juste en face du glacier de Tourtemagne.
- Distance: 9,5kms
- Dénivelé: environ 1000m de d+ pour 1100m de d-
- Durée: 5-6h de marche
- Difficulté: le passage du Schöllijoch est cotté T5 sur l’échelle du CAS
- Liens utiles: La nuitée en demi pension à la cabane de Tourtemagne coûte 83chfs. Plus d’info sur le site de la cabane.
De la cabane de Tourtemagne à Gruben en passant par le Meidhorn (2875m)
Le soleil est de nouveau de la partie pour cette dernière journée de marche et Yvan notre guide nous propose une variante sportive pour pimenter un peu la descente vers le village de Gruben: une montée jusqu’au Meidhorn qu’on voit d’ailleurs très bien depuis la cabane.
Donc on se divise à nouveau en 2 groupes: un groupe qui descendra directement à Gruben et un autre qui fera un petit détour par le sommet du Meidhorn, un éperon rocheux qui domine le val de Tourtemagne.
On quitte la cabane lorsque les 1ers rayons du soleil se lèvent sur le Bishorn. Avec une telle météo, on est d’autant plus motivé à faire un dernier sommet avant de rentrer à la maison.
Je vais être honnête, j’ai trouvé très peu d’information à propos du Maidhorn sur internet… C’est un sommet plutôt méconnu qui offre pourtant une vue magnifique sur toute la vallée de Tourtemagne et le massif du Weisshorn. Je vais donc essayer de vous donner le plus de détail possible car le sentier disparaît par endroits. Vous trouverez aussi à la fin de l’article la trace GPX qui devrait vous être utile.
Depuis la cabane on descend jusqu’au lac et barrage de Tourtemagne pour ensuite emprunter le sentier en balcon qui longe le versant Est de la vallée. Cette partie est vraiment sympa avec une belle vue sur le Weisshorn derrière nous et on a même la chance de voire un gypaète barbu voler au-dessus de nos têtes.
Après une petite descente, on passe devant 2-3 chalets (lieu dit Bitzu Oberstafel) avant d’arriver à une intersection où l’on prend à gauche jusqu’à l’alpage de Chalte Berg. On s’octroie une petite pause pour profiter du magnifique panorama qui s’offre à nous 🙂
Depuis l’alpage on continue sur un sentier encore bien visible à droite jusqu’à atteindre une sorte de plateau (Äugsttälli sur suisse mobile) où le sentier disparaît. Il s’agit ensuite simplement de traverser cette zone plus plate jusqu’à atteindre 2-3 petits lacs au pied du Meidhorn.
De l’autre côté des lacs, on monte une pente herbeuse pour rejoindre un sentier qui mène à un petit col avant d’attaquer la dernière arête jusqu’au sommet.
Le petit sentier qui longe l’arête jusqu’au sommet n’est pas vraiment difficile techniquement… mais par endroit il est assez exposé et vous n’aurez pas droit à l’erreur. Donc si vous avez le vertige ou que les conditions ne sont pas bonnes (très humide ou neige), je vous déconseille de monter jusqu’au sommet. Je n’ai pas trouvé de cotation officielle mais comme ça je dirais que l’arête doit faire un bon T4.
Le sentier jusqu’au sommet est bordé d’Edelweiss et que dire de la vue depuis la croix sommitale! Quel coup d’œil sur le massif du Weisshorn et la vallée de Tourtemagne! C’est simplement magnifique! On en profite pour prendre quelques photos souvenirs au sommet avant de se remettre en route… c’est qu’on a quand même un bus à prendre à Gruben et qu’il nous reste une bonne descente.
Il y a quand même un peu plus de 1000m de descente depuis le sommet du Meidhorn jusqu’au village de Gruben. Après avoir redescendu l’arête jusqu’au petit col, on suit cette fois le sentier qui longe sous le sommet. Durant la descente, le sentier disparait par moment mais il y a des petits cairns pour se repérer.
On arrive ensuite au bord d’une charmante petite rivière (le Meidbach) que l’on longe pour retrouver un sentier bien marqué qui descend jusqu’au hameau de Meide Mittlere Staffel. Depuis là, on suit simplement les indications Gruben pour descendre le long d’un joli sentier dans la forêt et rejoindre le village.
On arrive juste à temps pour boire un verre sur la terrasse de l’hôtel Schwarzhorn avant de prendre la navette qui nous amène d’abord jusqu’au télécabine d’Oberems, puis jusqu’au village de Tourtemagne puis une dernière navette jusqu’à la gare cff de Tourtemagne.
- Distance: environ 14,5 kms
- Dénivelé: environ 700m de d+ et 1350 de d-
- Durée: 6h
- Difficulté: le sentier disparaît par endroits et la dernière arête jusqu’au sommet doit être environ T4
- Liens utiles: Pour plus d’infos sur les navettes + cabines entre Gruben, Oberems et Tourtemagne, vous pouvez aller sur ce site ou directement sur le site des cff.
Carte de la randonnée
Vous trouverez ci-dessous la carte précise de ces 3 jours de randonnées entre les vallées de Zermatt et Tourtemagne. Pour télécharger le GPX, il faut simplement avoir un compte alltrails gratuit.
Voilà, j’espère que vous avez apprécié cet itinéraire de 3 jours de rando plutôt hors des sentiers battus et pas si facile que ça. D’ailleurs, si vous ne vous sentez pas de faire un tel parcours tout seul, n’hésitez pas à contacter notre guide Yvan qui se fera un plaisir de vous conseiller et vous accompagner (pour le prix d’un guide professionnel en Suisse, il faut compter 650chfs par jour à diviser par le nombre de participants).
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Julia
En janvier c’est le grand départ pour nous pour une aventure de 2 ans, j’adore lire vos articles en attendant