Un article un peu différent sur Novo-Monde aujourd’hui… D’habitude on vous parle plus souvent de nos voyages et de nos randonnées et finalement assez peu de notre travail au quotidien sur Novo-Monde et Novo-Media. Mais voilà, cet été j’ai eu la chance de vivre une nouvelle expérience pro dont je suis revenue totalement sous le charme et je me suis dit que la vie quotidienne dans une cabane de montagne méritait bien une petite mise en avant. Durant l’été 2020 j’ai travaillé 16 jours à la cabane de Susanfe, un magnifique petit refuge niché au pied des plus belles montagnes du monde (également connues sous le nom de Dents du Midi 😉 ).
Vous allez le voir, durant mes 16 jours là-bas le rythme a été soutenu. Cela expliquera surement que cet article contient moins de photos que d’ordinaire et surtout une grande majorité de photos prises à la volée au smartphone.
Cet article a été initialement écrit en 2020, année où j’ai fait ma première expérience à Susanfe. Depuis? C’est devenu une tradition, je remonte chaque été pour une dizaine de jours. J’y passerai volontiers plus de temps, mais malheureusement niveau boulot c’est quand-même compliqué pour moi de laisser Benoit davantage. Susanfe c’est ma petite bulle de bonheur, un petit rituel annuel dont je me réjouis chaque année maintenant.
Comment j’en suis venue à travailler dans une cabane de montagne
Comme bien souvent, c’est une histoire de coïncidence et de décision spontanée! 😉 En fait, Susanfe est une cabane que nous connaissions déjà bien pour y être passé à plusieurs reprises et au fil de nos visites nous avons appris à connaître la géniale gardienne qui porte le nom de… Fabienne! (Coïncidence? hmmm je ne crois pas haha)
Bref, il y a 3 ans nous avions réalisé le site web du tour des dents blanches (un tour franco-suisse qui passe entre autre pas la cabane). Depuis, nous nous occupons toujours du support technique pour le site et notre personne de contact pour ce-dernier est en général… Fabienne!
Ce printemps nous avons reçu un mail de sa part pour un truc à corriger et à la fin du mail elle nous a mis un petit mot sur le ton de la rigolade: “ohhh vous me faites envie avec vos randos… allez cet été vous gardez la cabane et moi je vais randonner à votre place!”
Message auquel j’ai répondu hyper spontanément: “Oh on serait bien incapable de faire ton job, mais si t’as besoin d’un coup de patte une fois je serais motivée à venir t’aider”.
Quelques semaines plus tard elle m’a recontactée car il lui manquait une personne pour quelques jours. Je n’ai pas hésité une seule seconde et j’ai sauté sur l’occasion! Notre mode de vie 100% flexible nous offre le luxe incroyable de pouvoir dire oui à des jolies perches que nous tend la vie et hors de question d’en laisser filer une aussi belle!
Fin juillet j’ai donc laissé Benoit geeker à l’appart et je suis montée en direction de la jolie cabane du bonheur sans la moindre idée de ce qui allait concrètement m’y attendre en terme de boulot! 🙂
Une journée type en cabane: les différentes tâches
Quand j’ai dit à mes amis que j’allais travailler en cabane, beaucoup m’ont demandé ce que j’allais y faire. Du service? du nettoyage? De la cuisine? La réponse c’est: “un peu de tout ça et pas mal plus!”
Une cabane de montagne c’est un peu comme un petit hôtel où il faut s’imaginer que tous les jours entre 25 et 70 personnes viennent passer la nuit, mangent le soir et le matin, vont aux WC et à cela s’ajoutent une partie “bar & restaurant” où des dizaines et des dizaines de clients passent pendant la journée pour boire ou manger quelque chose. Assez classique me direz-vous… Alors oui et non. 😉
En cabane la grande différence c’est qu’on est souvent un peu “à l’écart” et presque en autonomie d’une certaine manière. Je reviendrais sur le ravitaillement plus bas mais tout ce qui n’arrive pas par hélicoptère doit être fait sur place. Je crois qu’il est très difficile de donner un exemple de journée “type” car au final aucune journée ne ressemble à la précédente, mais pour vous donner une idée voici grosso modo le déroulement d’une journée en refuge.
- 5h30: Fabienne (la gardienne) se lève et termine la préparation des petits déjeuner.
- 6h-8h: les clients viennent prendre le petit dej et chacun règle sa note avant de partir
- Vers 8h: Les aides arrivent. On finit de débarrasser les tables, on range le petit-déjeuner, on fait la vaisselle et dès que les derniers clients sont partis on attaque les nettoyages des réfectoires et entrées (balai, aspirateur, serpillère)
- 9h-9h30: Le moment de pause où nous prenons notre petit dej
- 10h-12h: Nettoyage des WC, Nettoyage des dortoirs et remise en place des duvets, tri des poubelles, refaire les stocks de boissons depuis la cave pour la journée, préparation de 3kg de pain, service de boissons & gâteaux aux randonneurs matinaux.
- 12h-14h: service de midi avec des plats à la carte. La gardienne est aux fourneaux (c’est le reine des Röstis maison et des macaroni de Susanfe!) et nous donnons des coups de pouce pour les trucs simples (soupes, planchettes, etc…) et pour le service.
- 14h-16h30: Petite restauration en terrasse, confection de tartes & gâteau, 3kg de pain, préparation des bouteilles d’eau, vaisselle du service de midi et accueil des randonneurs de la journée (check-in, leur montrer les lieux). C’est généralement l’heure où la gardienne “se retire” un peu. Bon qu’on se le dise, elle n’est pas derrière le comptoir mais en général ces heures sont dédiées aux lessives, couper du bois, faire la comptabilité, gérer les stocks, faire des confitures maison, etc…
- 16h30-18h: La gardienne passe en cuisine pour la préparation du repas du soir. Service de boissons, planchette apéro, préparation des piques-niques du lendemain, mise en place du réfectoire pour le repas du soir
- 18h30-20h30: Service du soir (repas et boisson), service des cafés, point météo à toutes les tables, débarrasser, vaisselle du soir.
- 20h30-21h: on passe à table!
- 21h30-22h30: dernière vaisselle des casseroles, préparation du thé de marche, compta du jour. A 22h c’est l’extinction des feux pour les clients: on attaque les derniers nettoyages des tables et mise en place des petits-déjeuner pour le lendemain matin. 22h30 –> on file au lit!
Au niveau du staff il y a Fabienne, la super gardienne dont je vous reparlerai plus bas ainsi qu’entre 1 et 3 aides (selon la période et les jours de la semaines).
Pour la gardienne les journées commencent à 5h30 et se terminent en général rarement avant 22h avec pour ainsi dire aucune pause (c’est une machine!). Les aides nous avons un horaire plus “light”. On commence à 8h et on termine en général vers 22h30 mais nous avons chacun entre 2 et 3 heures de pause entre 11h et 17h (à tour de rôle).
Fabienne est très à cheval sur nos pauses et même quand c’est le stress elle s’assure toujours qu’on ait des moments pour nous reposer.
Les pauses sont généralement dédiées à une petite sieste dans le hamac, de la lecture ou simplement profiter du soleil (quand il est là). Mais si on avait encore de l’énergie, le truc cool c’était d’aller se balader! Certaines aides avaient les cuisses pour faire l’aller-retour à la haute cime en 3h… Hmmm loin de pouvoir faire un tel exploit je préférais opter pour une balade non loin de la cabane avec Himlam, l’adorable chienne de Susanfe.
Les Challenges de la vie en cabane et du travail d’aide
Vivre en refuge de montagne ce n’est pas tout à fait la même chose que d’être en plaine pour plein de raisons… Je me suis dit qu’une petite liste des choses plus “difficiles” pourrait être intéressante.
Le travail physique
Ok, ce point là n’est pas directement lié à la vie en cabane mais pour moi j’avoue que ça m’a fait drôle. Habituée à faire du sport certes, mon quotidien “normal” consiste quand-même pas mal à être assise devant un ordinateur. Là pour le coup j’ai beaucoup marché (ou même couru), porté, pétri, soulevé, et répété plein de petits gestes à de nombreuses reprises. Mon compteur de pas me félicitait régulièrement pour mes 15km de la journée alors que je n’avais même pas quitté la cabane haha!
Le jour suivant ma première journée de travail, quand je me suis réveillée à Susanfe, j’avais comme l’impression d’être passée sous un camion (oui oui je suis un peu marseillaise mais vous voyez l’idée). 😉 Heureusement le corps s’habitue vite et après quelques jours “on prend le rythme” (et les muscles qui vont avec).
Et heureusement des fois il y a des séances de yoga qui s’organisent dans le vallon pour aider à relaxer les muscles. 😉
L’espace restreint et la logistique
Je ne sais pas exactement combien de m2 fait la cabane de Susanfe mais à vue de nez je dirais moins de 150. Dans cet espace il y a:
- La cuisine
- 2 réfectoires
- 3 dortoirs
- 2-4 membres du staff
- entre 30 et 70 randonneurs (pendant le covid c’était plutôt entre 20 et 45)
Qui dit espace limité dit organisation en béton! Chaque chose a sa place et il est vraiment primordial de toujours rester organisé et de ranger au fur et à mesure. Certains stocks sont à la cave, d’autres dans un réduit à l’extérieur et d’autres sont dans des petites cachettes disséminées un peu partout dans la cabane. Aucun plafond, mur ou plancher n’a pas été optimisé et vous seriez étonné de voir où on peut cacher des stocks astronomiques de papier toilette ou de chocolat. 😉
C’était d’ailleurs ça mon plus gros challenge des débuts! Quand tu débarques dans une organisation du tonnerre mais que tu ne sais jamais où ranger les trucs, les premiers jours peuvent être un peu galère. Heureusement que Fabienne, Amandine, Louise et tous les autres ont été des amours de patience et j’ai pu me mettre dans le bain assez rapidement.
L’électricité
Pendant de nombreuses années la cabane de Susanfe n’avait pas d’électricité à proprement parlé. Il y avait bien une génératrice qu’ils pouvaient faire tourner de temps en temps mais clairement chaque KwH était compté! Maintenant les choses ont un peu changé, la cabane dispose d’une belle installation solaire qui permet d’utiliser divers ustensiles comme un mixeur ou un aspirateur sans trop se poser de questions. Le panneau est très performant mais bien évidemment il faut quand-même faire attention à sa consommation, surtout si la météo est pluvieuse plusieurs jours de suite. 😉
L’eau potable
A la cabane on n’est pas relié au réseau d’eau. Cela veut dire qu’on a certes des robinets aux WC et dans la cuisine mais il s’agit d’eau de source qui est non contrôlée. Ca veut dire quoi concrètement? Cela veut dire que c’est de la bonne eau de montagne hyper fraîche mais que par contre on ne peut pas garantir qu’elle soit bonne pour la consommation. Par exemple, si un animal mort contamine la source, personne ne le saurait ou du moins pas tout de suite. Résultat? Il n’est pas possible pour la cabane de “donner” des carafes d’eau. Nous pouvons indiquer les robinets des WC aux randonneurs qui veulent remplir leur gourde mais on ne peut pas les remplir nous car l’eau n’est tout simplement pas contrôlée.
Toute l’eau qui est servie aux clients (en thé, café) a été préalablement bouillie pendant de longues minutes. La cabane propose aussi de l’eau à la vente qui a été préalablement bouillie, refroidie et mise en bouteille. Le prix (3CHF le litre) n’est pas pour “faire du profit” comme on peut parfois l’entendre mais simplement un prix juste pour tout le travail qu’il y a derrière (ça prend du temps mine de rien).
La météo
Ce n’est pas une “difficulté” en soi étant donné que dans la cabane on est bien au chaud et au sec par tous les temps, mais disons que cela demande des ajustements. Quand il fait beau il y a énormément de monde qui vient à la journée et on passe beaucoup de temps au service ce qui laisse généralement peut de temps pour faire des tartes, cakes, pains, etc… A l’inverse, quand le temps est plus maussade il y a bien moins de monde et il faut profiter de chaque instant de calme pour “prendre de l’avance”.
Le second point c’est qu’en montagne les dangers d’un orage ou d’une chute de neige ne sont pas les mêmes qu’en plaine. Nous faisons très régulièrement des points météo pour renseigner au mieux les randonneurs et éviter qu’ils se retrouvent sur un col en plein orage. Fabienne (la gardienne) a une excellente expérience dans le domaine mais parfois il faut un peu insister pour raisonner quelques randonneurs qui veulent se lancer coûte que coûte.
Notre ami Coco (ou plutôt l’ennemi devrais-je dire)
Cette année est une année spéciale pour le tourisme… Le covid est arrivé tel un tourbillon cet hiver et a crée pas mal d’incertitude dans le monde de l’hôtellerie et de la restauration. En refuge on est peut-être un peu “coupé” du monde d’en-bas, mais il n’empêche que sur ce point il ne fallait pas plaisanter. Tout le monde a été ravi de pouvoir tout de même ouvrir cette saison, mais clairement le covid crée quelques défis “logistiques” supplémentaires.
A Susanfe la capacité d’accueil a été fortement réduite. Il y a, en théorie, 70 lits mais cet été le refuge affiche complet lorsqu’il y a entre 25 et 45 personnes au refuge. Pourquoi cette variation? En fait tout dépend de la taille des groupes. Les gens qui se connaissent et qui arrivent ensemble sont placés à une seule et même table et dorment côte à côte dans le dortoir. Par contre, lorsque les gens ne se connaissent pas il y a 3 lits vides qui les séparent des autres et ils ont une table pour eux tous seuls (ou une très grande table à laquelle on peut mettre 2 couples tout en respectant les distances). Bref, plus les groupes sont grands, plus le refuge peut prendre de monde. C’est vite vu, cet été c’est complet tous les soirs!
Là on pourrait se dire: “oh mais c’est super, moins de monde = moins de travail pour le staff”. Alors je n’ai pas travaillé les autres années, mais à en discuter avec Fabienne et Amandine c’est bien loin d’être la réalité. Avec le covid il y a plein de choses en plus auxquelles il faut penser et plein de petits gestes ont du être repensés:
- Tout ce qui est mis sur les tables est désinfecté entre les visiteurs (cartes, sucrier, poivrier, petites poubelles de table, bacs à services, etc…)
- Les tables et bancs sont attribués par nos soins et désinfectés régulièrement.
- Les WC et espaces communs sont désinfectés beaucoup plus souvent.
- Les repas sont servis sur assiettes pour les petits groupes (avant ils posaient simplement un grand plat sur les tables et les gens se servaient)
- Plein de choses ont été individualisées: par exemple pour le petit déjeuner au lieu de mettre un gros pot de confiture maison par table, maintenant on rempli des mini pots individuels qu’on dispose pour chaque randonneur.
- A chaque fois que nous ramenons quelque chose en cuisine qui a été touché par quelqu’un nous nous désinfectons les mains
- etc…
Rien de bien dramatique on est d’accord, mais disons que cela demande une bonne organisation et de la rigueur!
Les gens
Ce point j’ai hésité à l’inclure car en montagne l’ambiance est généralement excellente! Les gens sont relax, respectueux, de bonne humeur et dans 95% des cas les rencontres sont juste extras. Mais voilà, quand tous les jours tu vois défiler une centaine de personnes (entre ceux qui passent la nuit et les randonneurs à la journée), ben forcément dans le lot il y a aussi quelques “cas” qui t’exaspèrent… Des râleurs parce qu’on ne sert plus de fondue à 17h quand on est en pleine préparation du repas du soir, des petits coquins qui te cachent des sacs de déchets sur la terrasse parce qu’ils n’ont pas envie de les porter dans leur sac, celui qui trouve “fou” qu’on vende un demi litre de coca 5 CHF alors qu’il est arrivé par hélicoptère, celui qui n’aime pas le menu du soir et qui aurait bien commandé une croûte au fromage à la place…
C’est des petites choses et dans 99% des cas tout se résout facilement et avec le sourire. Mais forcément, il y a des jours où c’est plus compliqué à gérer.
Anecdote:
Les gens fatigués, râleurs et de mauvais poil il y en a toujours quelques uns… On n’y peut rien. Mais à la cabane nous avions un petit “jeu” ou plutôt on se fixait des “missions”: Dérider et faire sourire les grincheux! Amandine, la super aide qui travaille en fixe à la cabane est la reine dans cette discipline. Le but? Quand quelqu’un arrive et qu’on sent qu’il n’est pas de bonne humeur, qu’il est soûlé par quelque chose et qu’il nous parle “mal” nous adoptons une attitude 300% bonheur et nous redoublons de sourire. Le but? L’inonder de bonnes vibes pour lui décrocher un sourire. Cette technique ne fonctionne pas à chaque fois, mais elle a tout de même un bon taux de réussite; rares sont les randonneurs à repartir de mauvais poil!
Le ravitaillement d’une cabane de montagne: tout arrive (et repart) par hélicoptère (ou presque)
Quand on pense refuge de montagne on imagine souvent la bonne fondue avec vue et le petit verre de blanc qui va avec… On pense à la chaise longue où on peut profiter des derniers rayons avec une vue à couper le souffle sur les montagnes… Mais en fait, on pense rarement à comment ce caquelon, ce verre, ce transat ou même les lits sont arrivés en haut! 😉 Certaines cabanes ont des accès par la route, d’autres ravitaillent à dos d’âne, mais la grande majorité des cabanes suisses sont livrées par hélicoptère!
En montagne, les hélicos sont et reste le moyen le plus “simple” d’amener des provisions. Cela parait facile dit comme ça, mais en réalité le ravitaillement est un vrai challenge logistique pour les gardiens! Il faut commander, aller chercher les provisions ou les faire livrer à la base de l’hélico, préparer les filets et surtout être préparé à un changement de dernière minute si tout à coup la météo est mauvaise.
Ravitailler par hélicoptère coûte cher (très cher même!). Le prix se compose en général d’une taxe de base puis d’un tarif à la minute de vol, autant dire que pour limiter les frais il faut que ça aille vite, très vite même!
Déroulement d’un ravitaillement:
- Une personnes (souvent la gardienne) descend en plaine et fait les courses / coordonne les livraisons pour que tout soit à l’heure au point de départ de l’hélico. Toutes les provisions sont placées dans des immenses filets qui seront ensuite portés par l’hélico puis déposés devant la cabane. Un aller-retour de l’hélico avec sa charge s’appelle une rotation.
- L’hélico monte une première fois à la cabane sans filet. Il se pose à côté de la cabane et laisse sortir la gardienne ainsi qu’un assistant de vol (la personne en charge de décrocher les filets et d’assurer la sécurité au sol)
- L’hélico repart en plaine. Là il ne se pose pas: les filets préparés au préalable sont accrochés et il remonte à la cabane.
- Le filet est déposé devant la cabane sans qu’il ne se pose
- Généralement l’hélico ne repartira pas “à vide” pour la prochaine rotation. Tous les déchets générés à la cabane sont préparés dans des filets et l’hélico les redescend.
- L’hélico repart et à ce moment le staff de la cabane s’active pour vite débarrasser les stocks amenés de devant la cabane (le prochain filet se posant au même endroit quelques minutes plus tard). L’hélico fait ainsi des aller-retours jusqu’à ce que toutes les provisions soient montées.
- Lors de la dernière rotation l’hélico se pose à nouveau à côté de la cabane pour faire remonter l’assistant de vol et repart.
Quand on pense ravitaillement on pense aisément aux boissons, à la nourriture… Mais en réalité il y a vraiment TOUT qui est amené comme ça: le bois, les bonbonnes de gaz, les produits de nettoyage et d’entretien et même de l’électroménager ou des meubles si besoin!
Cet été j’ai d’ailleurs eu l’immense chance de terminer ma première semaine par un jour de ravitaillement!!! Résultat? J’ai pu descendre en hélico!!! J’appréhendais un peu le vol (c’est sport dans les vallons de montagne) mais au final je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur tellement c’était INCROYABLE comme sensation! 🙂
Anecdote:
Les stocks sont une vraie science en cabane! Par beau temps les cocas et les bières se vendent comme des petits pains et les jours de pluie ben…. y a personne et on fait du pain! Bref, même si Fabienne est devenue une ninja de la gestion de ses stocks après 12 ans là-haut, ben des fois il manque des trucs. Pendant que j’étais en haut nous avons eu une petite urgence PQ. L’hélico était prévu pour dans 7 jours et il nous restait un paquet de 12 rouleaux (sachant qu’en moyenne 6-8 rouleaux y passent chaque jour). Affréter un hélicoptère en urgence pour 200 rouleaux de papier toilette serait revenu à une fortune… Du coup Fabienne a utilisé son joker “coup de fil à un ami”. Le lendemain, Antoine, un jeune qui travaille également à la cabane de temps en temps montait pour la fête du premier août avec des copains. Avant de monter Antoine est donc parti au supermarché pour dévaliser les rayons (heureusement que la crise du PQ du confinement était passée) et le lendemain il a chargé tous ces potes de 2 paquets de PQ. Quel soulagement pour nous de les voir arriver depuis le fond du vallon avec chacun 50 rouleaux de petites feuilles roses sur le dos!
La fête du 1er août à la cabane:
Le staff de la cabane: une vraie petite famille dans un vallon merveilleux
Vous l’aurez deviné à travers l’article, mais je suis revenue totalement sous le charme de cette expérience. Susanfe, le vallon, les belles dents du Midi, le contact avec les randonneurs et j’en passe… Mais je crois bien que ce que je retiens surtout c’est l’incroyable ambiance qui règne dans cette petite cabane du bonheur. Tant Fabienne que l’ensemble du staff qui travaille là-bas à la saison ou comme moi pour quelques jours est juste EXCEPTIONNEL!
Avant de monter Benoit me faisait quelques blagues: “euhhh tu sais que aide de cabane c’est un job d’étudiant? tu vas être le dinosaure de l’équipe!”
Haha alors certes, avec mes 34 ans je faisais clairement un peu “mamie” au milieu des aides qui ont normalement plutôt entre 16 et 23 ans.
Mais autant vous expliquer qu’à aucun moment cela n’a été un souci, bien au contraire! Le job est parfois rude, le rythme est soutenu mais tout le monde est hyper au taquet et le travail est toujours fait dans la bonne humeur et la rigolade a une place d’honneur dans la team!
Je repars de Susanfe avec, entre-autre, une profonde admiration pour le métier de gardien de refuge! En tant qu’aide on abat déjà un sacré boulot, mais je peux vous garantir que gardien c’est encore un level en-dessus. Cela fait 12 ans que Fabienne gère la cabane du bonheur et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle y met tout son cœur et toutes ses tripes. Elle a crée un vrai petit coin de paradis là-haut et pour cela je lui tire mon chapeau!
D’ailleurs si ce métier vous intrigue je vous conseille d’aller jeter un oeil à la série “Refuge de montagne” diffusée par la RTS. Chaque saison, ils dressent le portait de gardiens de refuge en Suisse et l’émission les suit dans les tâches du quotidien. Ils ne sont pas encore venus à Susanfe mais qui sait… Si quelqu’un connait quelqu’un à la prod faut pas hésiter à leur suggérer la cabane du bonheur. 😉
Pour moi cette douce parenthèse durant l’été aura été une vraie bouffée d’air frais! Dans notre travail nous sommes certes beaucoup en vadrouille mais nous passons également un temp TRES considérable devant nos écrans (en vrai c’est la grande majorité de notre temps, c’est juste la partie qu’on ne présente pas tant que cela). Depuis quelques temps je ressentais vraiment le besoin d’avoir à nouveau plus de “contacts humains” mais aussi de “faire quelque chose de mes mains”. Je ne sais pas trop comment l’expliquer mais même si physiquement je suis repartie lessivée de la cabane, psychologiquement je suis juste re-boostée au possible! #LAirDeLaMontagne
Et la suite? Alors je vous rassure, je n’ai pas prévu d’abandonner Benoit tous les étés pour aller travailler à plein temps en refuge mais par contre je sais d’ores et déjà que cette première expérience n’est qu’un début! La cabane du bonheur quand t’y a pris goût, tu ne peux plus la laisser! Bref, il y a de très fortes chances que vous me revoyez là-haut un jour… du moins je l’espère!
Je remercie encore chaleureusement Fabienne ainsi que toute l’équipe de m’avoir accueillie à bras ouverts et de m’avoir fait découvrir ce très beau métier. Je reviendrai c’est certain!
Si vous voulez aller rendre visite à cette incroyable équipe vous avez encore jusqu’au 5 octobre de cette année pour y aller (ou sinon dès juin l’année prochaine)! Toutes les infos, numéro de téléphone et accès sont sur le site web de la cabane de Susanfe
Pour les suivre au quotidien et ne rater aucun événement c’est sur la Page Facebook ou le compte Instagram que cela se passe.
Pendant l’été 2021, nous avons été embauché par l’association du tour des Dents du Midi pour créer un guide complet sur cette magnifique randonnée. Nous sommes donc repartis sur les sentiers des Dents du Midi pour photographier, prendre des notes et créer le meilleur guide possible pour vous aider à préparer le tour.
Dans ce guide vous trouverez:
- Des conseils pratiques: matériel, infos bivouac, les différents accès au tour
- Un descriptif détaillé des étapes officielles (+ cartes)
- Une présentation des plus belles variantes à ajouter au parcours
- Infos sur les différents hébergements du tour
- Nos suggestions et idées d’itinéraires pour tous les niveaux
- Les traces GPX de toutes les étapes et variantes
- Un dépliant à imprimer avec la carte du tour et toutes les infos importantes
Quelques photos “En vrac” des saison 2021 et 2022
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Christophe SIMOND
Hello, Pour cet article, il y a un mot qui m’est venu instantanément, MAGNIFIQUE. En effet tu décrit un travail super intense à vivre et faire, mais toujours dans la joie, la bonne humeur et l’envie de faire plaisir aux gens. Je ne connaissais pas du tout ce job,mais cela me pousse à avoir le PLUS GRAND RESPECT, pour cette profession. Merci de nous l’avoir faite découvrir. Cordiales Salutations. Christophe.
cyrille
Magnifique article. cet endroit magique , et n’en parlons plus du paysage. rien qu’en regardant les photos, je peux sentir mon adrénaline montée.
merci pour ce partage!
Fabienne
Merci beaucoup Cyrille! haha oui la montagne c’est un truc particulier pour nous aussi 🙂 Belle soirée
Aurélie
Super expérience dis donc ! Ton article permet de bien imaginer comment se passe la vie dans ce refuge, et cela donne envie d’y passer un moment entre deux randos 😉 C’est cool que cette parenthèse t’ait plue et reboostée ! Bises
Julie
Super article! J’ai une amie qui a travaillé comme aide dans un refuge en Autriche et pareil, elle avait adoré l’ambiance mais c’est sûr que ce n’est pas de tout repos!
J’adore l’idée du challenge de réussir à faire sourire les grincheux. 🙂 Mais les gens qui cachent leurs déchets sur la terrasse, sérieux… Bref, heureusement que c’est une minorité !
En tout cas, mission réussie de ton côté, la lecture de l’article m’a donné le sourire, et maintenant j’ai envie d’aller faire un petit tour par Susanfe !
Fabienne
Merci beaucoup pour ton message Julie! hihi ouiii il faut aller dire bonjour à Susanfe, cet endroit est merveilleux (et le vallon est juste splendide!)
Haha oui certaines personnes peuvent faire lever les yeux au ciel par moment, mais comme je l’ai dit j’ai hésité à l’inclure tellement c’est, au final, très marginal (heureusement j’ai envie de dire)
Marion
J’ai adoré lire ton article ! c’est certains c’est rare d’avoir l’opportunité de vivre une telle aventure ! Merci d’avoir pris le temps de nous partager cette belle expérience 🙂
Pauline Béraud
Très chouette article qui a grandement fait écho avec l’expérience des vendanges que je viens de vivre.
Expérience totalement différente sur le boulot, le rythme et le plan physique mais très similaire sur l’ambiance, le ressenti psychologique et la bonne humeur quotidienne.
Au final, être dans la nature, à faire des choses concrètes de ses mains, entouré de gens bienveillants et chaleureux…c’est pas ça la clé du bonheur ?
Les photos (même si prises rapidement et avec des smartphones) donnent bien envie en tout cas !!
Merci pour ce partage
Doris
Merci pour cet article qui m’a en partie décidée à me lancer dans l’aventure d’aide de cabane!
Je redescends de 2,5 mois dans une cabane de haute-montagne, et mon expérience est similaire à la tienne (avec quelques mètres de neige en plus ;)): quel bonheur de travailler dans un cadre pareil, de rencontrer des gens qui aiment aussi la montagne et de se coucher avec de la “bonne” fatigue chaque soir. Comme toi, je pense aussi que ce ne sera pas la dernière fois que j’y travaillerai!
Fabienne
Ohhh merci pour ton commentaire! Je suis ravie de lire que ta première expérience s’est bien passée également! T’étais où? Pour ma part je remonte le 18 juin pour 10 jours à Susanfe! 🙂 J’ai tellement hâte d’y être à nouveau!
Doris
J’étais à la Mönchsjochhütte (3657m, plus haute gardiennée de Suisse), entourée de bien jolis sommets et de glaciers! J’ai vu sur Instagram que tu prévoyais de remonter à la cabane du bonheur, profites-en bien!
Manu
Superbe article,tout est dit !! On imagine bien le travail que ça représente chaques jours mais j’imagine que cela vaut le coup de le vivre pleinement. Moi aussi j’adore la montagne depuis mon enfance, j’y rêve même d’y habité,”peut-être un jour prochain “..le cadre et le mode de vie m’a toujours attiré.
Bravo encore à vous pour votre détermination et votre courage pour apporter du bonheur aux amoureux de la montagne.
Aurélie Servant
Quand je dis que d’une certaine manière vous contribuez à mon changement de vie…
Si tout marche comme prévu pour moi je vais lâcher les hôpitaux et travailler toute la prochaine saison d’été en refuge. Et c’est alors qu’en faisant une recherche je tombe à nouveau sur un de tes articles
Je le prend comme un signe du destin. Merci pour ce contenu en tout cas.
Fabienne
Ohh quel magnifique projet! Je te souhaite de tout coeur une expérience aussi positive que la mienne! Un boulot tellement différent et dépaysant, et dans un cadre juste superbe. J’y retournerai très certainement à nouveau cet été pour quelques semaines. 😉 Tu vas aller dans quel coin?
Aurélie
Si tout fonctionne comme prévu je serais près de Chamonix
Des que c’est confirmé je te dirais et si nous ne sommes pas très loin et que la merveilleuse occasion de te rencontrer s’offre à moi je saisirai
Hall
Un sourire tout le long de cette lecture! ça faisait longtemps. Je vais m’y remettre. Je suis partie en asie 3 mois, j’ai presque fait tout comme vous! Je vous aime trop. Là je voudrais marcher 2 mois, mais pas sur le chemin de Compostelle. Alors je pense que je vais recommencer à lire vos articles et acheter les bouquins. Continuez vous êtes notre oxygène . j’habite en Ardèche.
Benoit
Merci beaucoup pour ton message qui nous fait super plaisir Hall! Alors nous non plus on n’est pas trop Compostelle… mais ce ne sont pas les possibilités qui maquent pour randonner sur de longues périodes 😉 on te fait des bises de nos montagnes suisses